Geneviève Darrieussecq : de l'allergologie au ministère de la Santé

Geneviève Darrieussecq : de l’allergologie au ministère de la Santé Geneviève Darrieussecq, 68 ans, vient d'être nommée ministre de la Santé et de l'Accès aux soins dans le gouvernement de Michel Barnier. Ce nouveau chapitre de sa carrière soulève à la fois des espoirs et des interrogations au sein du monde médical.

De la blouse blanche à l'écharpe tricolore

Née en 1956 dans les Landes, Geneviève Darrieussecq a d'abord embrassé une carrière médicale. Diplômée de la faculté de médecine de Bordeaux-Segalen, elle exerce comme allergologue libérale et médecin attachée à l'hôpital de Mont-de-Marsan de 1983 à 2008. Cette expérience de 25 ans sur le terrain lui confère une connaissance approfondie des enjeux de santé publique.

Cependant, son parcours prend un tournant décisif en 2004 lorsqu'elle entre en politique comme conseillère régionale d'Aquitaine. Son engagement politique s'intensifie progressivement, culminant avec son élection à la mairie de Mont-de-Marsan en 2008 qui brise  46 ans de domination socialiste. C'est à ce moment qu'elle décide d'abandonner sa pratique médicale pour se consacrer pleinement à ses fonctions politiques.

Réélue en 2014, elle est nommée en 2017 secrétaire d'État aux Anciens combattants dans le gouvernement d'Édouard Philippe, puis ministre déléguée sous Jean Castex. Pendant cinq ans, elle suit fidèlement la politique mémorielle d'Emmanuel Macron, notamment en encourageant la reconnaissance des combattants africains et des Harkis, ces auxiliaires musulmans de l'armée française durant la guerre d'Algérie.

Elle remet la blouse pendant la pandémie

Geneviève Darrieussecq, alors secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, s'est engagée personnellement dans la lutte contre la pandémie. Elle a rejoint une "cellule Covid-19" à l'hôpital d'instruction des armées Percy, situé à Clamart dans les Hauts-de-Seine. Elle s'est impliquée "trois matinées par semaine" dans cette cellule.
Son rôle consistait à examiner et trier les patients suspectés d'être infectés par le virus. 

Geneviève Darrieussecq a expliqué ses motivations au journal Le Figaro : "Je voulais me rendre utile (...) Cela m'a fait très plaisir de reprendre un stéthoscope".

«Je ne peux pas rester sans rien faire», a expliqué Geneviève Darrieussecq à son mari, ses quatre enfants et ses huit petits-enfants, restés confinés dans les Landes. «Ministre ou pas, c’est mon devoir. Une question de conscience professionnelle.» Cette déclaration souligne son désir de mettre à profit ses compétences médicales dans un contexte de crise nationale.

En juillet 2020, Geneviève Darrieussecq est nommée ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants, puis en 2022, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées dans le gouvernement d'Élisabeth Borne, avant de quitter ses fonctions en juillet 2023. Elle est devenue la huitième ministre de la Santé sous Emmanuel Macron, succédant à Agnès Buzyn, Olivier Véran, Brigitte Bourguignon, François Braun, Aurélien Rousseau, Agnès Firmin Le Bodo et Catherine Vautrin.

Une ascension politique fulgurante

Depuis 2008, Geneviève Darrieussecq a gravi les échelons politiques :

- Maire de Mont-de-Marsan (2008-2017)
- Présidente de l'agglomération de Mont-de-Marsan (2009)
- Députée de la 1re circonscription des Landes (2017)
- Secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées (2017-2020)
- Ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants (2020-2022)
- Ministre déléguée chargée des Personnes handicapées (2022-2023)

Des défis de taille à relever

En tant que nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq devra s'attaquer à plusieurs dossiers brûlants :

- La préparation du budget santé
- La crise persistante de l'hôpital public
- La lutte contre les déserts médicaux
- Les pénuries de médicaments
- Les revendications des professionnels de santé, notamment les infirmières libérales
- Le pilotage du projet de loi sur la fin de vie

Certains observateurs s'interrogent sur la capacité de Geneviève Darrieussecq à porter une vision d'avenir pour le système de santé et à défendre efficacement le secteur face aux contraintes budgétaires. Sa discrétion lors de ses précédents mandats ministériels soulève des questions quant à sa capacité à s'imposer dans les arbitrages avec Bercy et à contenir les mécontentements potentiels du secteur de la santé.

Un bilan mitigé sur le handicap

Son passage au ministère des Personnes handicapées a été marqué par des critiques. L'Unapei, une association majeure du secteur, a dénoncé un manque d'ambition dans la politique du handicap. Le Conseil de l'Europe a même pointé du doigt le non-respect par la France de ses engagements internationaux concernant les droits des personnes en situation de handicap.

Les associations reprochent notamment :

- L'insuffisance des annonces faites lors de la Conférence nationale du handicap
- Un manque de moyens financiers pour réaliser la transition vers une société plus inclusive
- Un décalage entre les promesses et les actions concrètes

Une vision pour l'avenir de la santé en France

Malgré ces critiques, Geneviève Darrieussecq apporte une perspective unique au ministère de la Santé. Sa double expérience de médecin et de politicienne pourrait lui permettre de mieux comprendre les enjeux du terrain tout en naviguant efficacement dans les arcanes de l'administration. Elle soutient notamment la création de l'Agence de l'innovation en Santé (AIS), qui pourrait jouer un rôle clé dans la modernisation du système de santé français.

Les professionnels de santé attendent de voir si Geneviève Darrieussecq saura tirer les leçons de son expérience passée pour relever les défis complexes qui l'attendent au ministère de la Santé. Sa capacité à traduire sa connaissance du terrain en actions concrètes et à mobiliser les moyens nécessaires sera scrutée de près dans les mois à venir.

 

« je me sens à ma place parce que c'est un domaine que j'affectionne, que je connais, où l'on a des enjeux majeurs qui dépassent les contingences des partis politiques»

Sur FranceBleu , Geneviève Darrieussecq, nommée dans un gouvernement largement à droite, affirme être à sa place malgré une "situation politique complexe" et regrette l'absence de la gauche républicaine. Honorée par sa nomination, elle se dit concentrée sur les grands enjeux, notamment garantir un accès adéquat aux soins pour les Français, et anticipe une feuille de route chargée.

Les premières réactions 

Sur les réseaux sociaux, l'UFMLS félicite Madame Geneviève Darrieussecq pour sa nomination en tant que ministre de la Santé et de l’accès aux soins, tout en demandant une rencontre rapide. L'UFMLS exhorte la ministre à ne pas se laisser influencer par les ministères des Finances et de la Santé, comme ses prédécesseurs, et à établir une relation de confiance avec les professionnels de santé. En tant que médecin ayant une expérience à la fois en secteur libéral et hospitalier, elle est invitée à comprendre et respecter les différences entre ces deux mondes tout en favorisant leur union. L'union appelle à éviter les solutions simplistes et à aborder la problématique des soins en prenant en compte les spécificités des territoires. Enfin, l'UFMLS attend de Madame Darrieussecq qu'elle ouvre une nouvelle page en collaboration avec les professionnels, avec courage et indépendance, pour relever le système de santé.

 

 L'Ordre National des Infirmiers félicite Geneviève Darrieussecq pour sa nomination comme ministre de la Santé, ainsi que Paul Christophe pour son poste de ministre des Solidarités. Dans un contexte de crise des urgences et de difficultés d'accès aux soins, l'Ordre souligne l'importance du rôle des infirmiers et appelle à la reconnaissance et à l'évolution de leurs missions. Il demande la mise en œuvre rapide des décrets en attente concernant l'accès direct et la primo-prescription des IPA, ainsi que la reprise des réformes législatives interrompues, notamment pour créer une consultation infirmière.

 « L’Ordre National des Infirmiers appelle madame Geneviève Darrieussecq à se saisir sans attendre de la problématique de l’accès aux soins, de l’amélioration de la prise en charge des patients et de l’accompagnement de leurs proches. Plusieurs solutions peuvent être mises en place. Consensuelles et transpartisanes, elles résident dans une meilleure coopération entre les professionnels de santé et par une reconnaissance du rôle des infirmiers à la hauteur des missions qu’ils exercent chaque jour auprès des patients. L’Ordre National des Infirmiers alerte également la ministre sur la nécessité de porter une attention particulière sur la santé et le bien-être des soignants dont l’exercice de plus en plus difficile, influe également sur la qualité des soins. » souligne Sylvaine Mazière Tauran, présidente de l’Ordre National des Infirmiers.

 

 

Crédit photo : J. Robert, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

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