Le programme Pari : un levier pour améliorer l'accès aux soins des travailleurs indépendants âgés
Le Programme d'actions pour une retraite indépendante (Pari), lancé en 2015 par le Régime social des indépendants (RSI), a démontré des effets positifs sur l'accès aux soins des travailleurs indépendants âgés. Retour sur cette initiative innovante et ses enseignements pour la prévention de la perte d'autonomie.
Un programme novateur pour prévenir la perte d'autonomie
Le vieillissement de la population pose des défis majeurs en matière de prévention de la perte d’autonomie, notamment chez les travailleurs indépendants, souvent moins bien couverts que les salariés. Le Programme d'actions pour une retraite indépendante (Pari), mis en place en 2015 par le RSI, visait à combler cette lacune en encourageant le recours aux soins pour les artisans et commerçants âgés de 60 à 79 ans. Ce programme innovant reposait sur une triple approche : ciblage, proactivité et personnalisation des offres de soins et d’aides sociales.
Le ciblage des personnes à risque s’appuyait sur un algorithme exploitant les données médico-administratives, permettant d’identifier les assurés les plus susceptibles de développer une perte d’autonomie. Ces personnes recevaient un auto-questionnaire détaillé, facilitant une évaluation de leurs besoins en matière de santé et de conditions sociales. Ce processus visait à simplifier les démarches administratives, tout en renforçant la compréhension des besoins individuels pour adapter les aides proposées.
L’originalité de ce programme résidait aussi dans son approche proactive. Plutôt que d'attendre que les assurés se tournent eux-mêmes vers les services de santé, le programme adoptait une démarche d’« aller-vers », en contactant directement les personnes à risque pour les encourager à prendre des mesures préventives. Enfin, une offre globale, incluant des aides financières, des consultations médicales ou des ateliers de prévention, était proposée pour répondre aux besoins spécifiques de chaque bénéficiaire.
Un impact significatif sur le recours aux soins ambulatoires
L’évaluation du programme a montré que cette approche a eu des résultats probants sur le comportement de santé des bénéficiaires. L’étude, menée par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), a révélé une augmentation notable du recours aux soins ambulatoires chez les participants au programme, notamment en matière de consultations chez le généraliste et de dépenses liées à la pharmacie et au matériel médical.
L’efficacité du programme s’explique principalement par deux mécanismes économiques : l’effet prix et l’effet revenu. D’une part, l’amélioration de la couverture complémentaire offerte par le programme a réduit, voire annulé, les frais restant à la charge des assurés, facilitant ainsi l’accès aux soins. D’autre part, les aides financières ont contribué à lever des freins économiques pour les personnes en difficulté, augmentant leur consommation de soins.
Le rôle des médecins généralistes a été déterminant dans cette dynamique. En effet, ils ont pu ajuster le type et la quantité de soins fournis en fonction des besoins spécifiques des patients, favorisant ainsi la prévention primaire et secondaire. Le simple fait de recevoir un auto-questionnaire a également eu un effet incitatif, encourageant un retour vers le système de santé pour des consultations de routine.
Des perspectives pour de nouvelles politiques de prévention
Bien que le RSI ait été intégré au régime général de l’Assurance maladie en 2020, mettant fin au programme Pari, cette expérimentation apporte des enseignements précieux pour la mise en place de futures politiques publiques. Elle souligne notamment l’importance de croiser les données sanitaires et sociales pour une meilleure identification des populations à risque et l’intérêt d’une approche proactive et individualisée.
Le succès de Pari montre que les dispositifs d’« aller-vers » combinés à des incitations financières peuvent efficacement lever les barrières à l’accès aux soins pour les personnes âgées et fragiles. Ces résultats peuvent inspirer de nouvelles initiatives, telles que les « Missions accompagnement santé » développées par l’Assurance Maladie, visant à favoriser le maintien à domicile et un vieillissement en bonne santé.
En conclusion, le programme Pari a démontré l’impact positif des aides sociales sur la consommation de soins des travailleurs indépendants âgés. Cette initiative, bien qu’ayant pris fin, fournit des pistes intéressantes pour améliorer le suivi médical des populations à risque et pourrait inspirer de nouvelles actions en faveur de la prévention de la perte d’autonomie chez les personnes âgées.
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