Ataxie-télangiectasie : les porteurs d'un seul allèle mutant ont plus de risque de décès
L'ataxie-télangiectasie est un syndrome neurologique progressif associé entre autres à un risque plus élevé de cancers. Elle se transmet selon un mode autosomique récessif. Une étude publiée dans les Annals of Internal Medicine montre que les porteurs d'un seul allèle muté au locus de l'ataxie-télangiectasie présentent un risque accru de décès par cancer ou cardiopathie ischémique.
L'ataxie-télangiectasie ou syndrome de Louis-Bar est caractérisée par une ataxie cérébelleuse progressive, des télangiectasies principalement conjonctivales et une hypersensibilité aux radiations ionisantes. Dans leur publication, le Dr Yun Su (New York Medical College) et ses collaborateurs rappellent également que les porteurs de deux allèles mutés au locus de l'ataxie-télangiectasie développent de nouveaux cancers à un taux environ 100 fois élevé que la population du même âge et sont âgés d'une vingtaine d'année au moment du décès.
Les individus hétérozygotes pour ces mutations représentent 1,4 % à 2 % de la population générale. Des travaux ont montré qu'ils présentaient (par rapport aux individus non-porteurs de l'allèle muté) un risque plus élevé de cancer et vraisemblablement de cardiopathie ischémique.
Ces risques ont été évalués par Su et al au cours d'une étude rétrospective sur 405 grands-parents de patients atteints d'ataxie-télangiectasie.
"Comparé aux non-porteurs, les porteurs d'un allèle muté avaient un risque significativement plus élevé de décès de 20 à 79 ans", soulignent les chercheurs. Ce risque relatif était de 1,9 (IC 95 % = 1,3-2,8).
En moyenne, les porteurs décédaient 7 à 8 ans plus tôt que ceux qui n'étaient pas porteurs d'un allèle muté. La cause principale de décès était le cancer, suivi par les cardiopathies ischémiques.
Selon les résultats, le risque de cancer avant 80 ans chez les sujets hétérozygotes est 2,6 fois plus élevé que chez les individus non-porteurs. Pour les cardiopathies ischémiques, le risque est multiplié par 2.
Les porteurs hétérozygotes décèdent d'un cancer 4 ans plus tôt que les non-porteurs atteint d'un cancer. En cas de cardiopathie ischémique fatale, le décès survient en moyenne 11 ans plus tôt que chez les sujets non-porteurs. Cependant, les auteurs soulignent que les résultats qui concernent les cardiopathies ischémiques demandent à être confirmés.
Plusieurs points sont discutés par les auteurs. Ils notent que tous les sujets porteurs ne décèdent pas précocement d'un cancer ou d'une cardiopathie ischémique : "ces maladies semblent résulter de l'interaction entre une prédisposition génétique et des facteurs de risques environnementaux". Néanmoins, ces résultats suggèrent que les sujets porteurs pourraient bénéficier d'une surveillance et d'un suivi particulier.
"Cependant, pour changer l'évolution des maladies associées aux mutations de l'ataxie-télangiectasie, une compréhension approfondie des mécanismes moléculaires et des circonstances cliniques liés à ces taux de mortalité élevés parmi les porteurs sera nécessaire", concluent les auteurs.
Source : Ann Intern Med 2000;133:770-778.
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