#Psychologue : l’IGAS ouvre la voie à une prise en charge par l’assurance maladie
Pour pallier les difficultés d’accès aux soins en psychiatrie, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) propose le remboursement par l’assurance maladie des consultations effectuées par les psychologues cliniciens. À condition d’homogénéiser leur formation, de les doter d’un code déontologie et d’une instance réellement représentative. Les psychologues sont-ils en passe de devenir des professionnels de santé conventionnés ?
Troubles psychiques : 23 milliards de dépenses par an pour une prise en charge insatisfaisante selon la HAS
Les troubles psychiques constituent un enjeu majeur de santé publique. Ils affectent un quart des Français et sont classés au premier rang des maladies en matière de dépenses de soins avec une vingtaine de milliards d’euros chaque année.
En ville ou à l’hôpital, l’offre de soins en psychiatrie est saturée. Ce qui se traduit non seulement par des difficultés d’accès aux soins, mais aussi trop souvent par des sur-prescriptions médicamenteuses et des hospitalisations non pertinentes. Cette situation a conduit la HAS en 2017 à déclarer que la prise en charge de la dépression était insatisfaisante et à formuler de nouvelles recommandations.
« La prise en charge de la dépression repose trop souvent sur les antidépresseurs, prescrits généralement sans suivi ni psychothérapie » HAS 2017
En 2018, des expérimentations ont été lancées dans 4 départements afin d’améliorer la prise en charge des troubles psychiques modérés en mobilisant les psychologues ayant une activité libérale à travers une prise en charge conditionnée de l’assurance maladie.
Une opportunité pour les patients
Si initialement c’est le résultat de ces expérimentations que l’IGAS était chargé d’évaluer, l’objectif du rapport a été réorienté afin d’examiner les conditions d’une participation au parcours de soins coordonnés des psychologues cliniciens qui le souhaitent.
Pour l’IGAS, l’intégration des psychologues aux côtés des psychiatres est « une opportunité pour améliorer l’accès aux soins psychiques et pour éviter que l’état des patients ne se dégrade ». Il s’agit avant tout de fluidifier les parcours de patients dont les troubles ne relèvent pas nécessairement d’une prise en charge psychiatrique.
Redéfinir le statut et la formation des psychologues cliniciens
Pour l’IGAS, le statut de psychologue clinicien n’existe pas en tant que tel. Pour preuve, si la CNAM en compte 23 000, les syndicats en dénombreraient le double. L’IGAS pointe du doigt l’inégale valeur des formations universitaires et leur contenu parfois insuffisant en ce qui concerne les approches cliniques et thérapeutiques. La formation des psychologues manquerait selon le rapport de scientificité et de spécificité.
L’IGAS propose donc la création d’un diplôme universitaire (DU) ou interuniversitaire (DIU) définissant clairement la qualification des psychologues cliniciens, un renforcement de la formation clinique et un allongement à un minimum de 6 années après le niveau BAC pour avoir le temps d’acquérir plus de pratique clinique au sein de stages intégrés au parcours de soins. Un dispositif de valorisation des acquis de l’expérience permettrait aux psychologues qui exercent déjà de profiter de cette nouvelle qualification.
Vers un conventionnement ?
Si 96 % des psychologues sont favorables au remboursement selon en enquête en ligne menée par la Fédération française des Psychologues et de Psychologie (FFPP), ce chiffre passe aux deux tiers si le remboursement est soumis à prescription médicale. Les syndicats sont quant à eux vent debout contre toute dépendance à la prescription des médecins et à un éventuel conventionnement considérant le trop grand écart entre les bases de remboursement proposées par la CNAM et les 50 € pratiqués en moyenne par la profession.
En effet dans l’expérimentation de la CNAM pour la prise en charge des thérapies non médicamenteuses en médecine de ville, les consultations d’évaluation et les séances de psychothérapie rémunèrent le psychologue clinicien à hauteur de 32 € pour des durées de 45 minutes, la consultation d’accompagnement psychologique de soutien étant pour sa part fixée à 22 € pour une séance de 30 minutes.
L’IGAS souligne dans son rapport un écart entre la position des syndicats et celles des professionnels de terrain « comme en témoignent les taux importants d’inclusion de psychologues dans les quatre départements expérimentateurs de la prise en charge des troubles légers à modérés ».
Enfin, le rapport préconise l’adoption d’un code déontologie opposable ainsi que l’instauration d’une instance régulatrice qui protège les psychologues et les représente au niveau institutionnel.
« L’adoption d’un code de déontologie réellement opposable et réclamé par une large part de la profession conduit à envisager la création d’une instance représentant la profession sur le plan institutionnel, veillant aux bonnes conditions d’exercice et préservant la diversité des pratiques dans le respect d’un cadre déontologique et des obligations de développement professionnel continu ».
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