Persistance d’une production de virions dans le plasma sous trithérapie anti-VIH
Il est possible, en ayant recours à une technique ultrasensible de quantification de l’ARN des virions libres, de détecter une réplication virale résiduelle chez des patients infectés par le VIH dont la charge virale est maintenue à moins de 50 copies/ml par des associations d’antirétroviraux, rapporte une étude américaine publiée dans le JAMA.
Ces résultats soulignent qu’il est nécessaire que de nouvelles techniques de recherche capables de mesurer une virémie résiduelle puissent quitter les laboratoires pour être utilisées en pratique clinique, estime l’équipe de Roger Pomeranz (Thomas Jefferson University, Philadelphie).
Les chercheurs estiment que la disparition véritablement complète de la réplication virale, préalable à tout effort visant à éradiquer du virus, semble passer par une intensification de la thérapeutique antirétrovirale mais dont il conviendra de réfléchir sur les possibles effets secondaires supplémentaires.
Les auteurs ont mené une étude prospective auprès de 22 patients VIH+ recevant depuis un délai allant de 5 mois à plusieurs années des inhibiteurs de la transcriptase inverse et un inhibiteur de protéase (HAART, highly active antiretroviral therapy) et ayant tous une charge virale inférieure à 50 copies/ml.
Les taux d’ARN-VIH des virions extracellulaires dans le plasma ont été déterminés par une technique ultrasensible utilisant la RT-PCR (reverse transcriptase polymerase Chain reaction) avec une limite inférieure de détection de 5 copies/ml. En deçà de ce seuil, une détection qualitative de l’ARN viral a été effectuée.
Les chercheurs ont montré qu’il persistait chez chacun des 22 patients étudiés une réplication, faible mais détectable : entre 5 et 42 copies/ml. Le taux moyen d’ARN viral plasmatique chez ces patients était de 17 copies/ml.
Utilisée sur les sécrétions génitales de vingt hommes et deux femmes, cette technique ultrasensible a permis de détecter de l’ARN viral dans le liquide séminal de 8 hommes, mais à un taux inférieur au seuil de quantification de 5 copies/ml. Seuls deux patients avaient des taux d’ARN-VIH quantifiables dans le liquide séminal. Au total, 55% des patients n’avaient pas d’ARN viral détectable dans les sécrétions génitales.
Il reste à déterminer quelques cellules produisent ces virions résiduels chez les patients recevant des associations puissantes d'antirétroviraux. S’agit-il de lymphocytes du sang périphérique, de macrophages tissulaires, de cellules des ganglions lymphatiques ou d’autres compartiments (système nerveux central, rétine, testicule) ?
Selon eux, deux mécanismes pourraient expliquer la persistance d’une réplication virale sous HAART : une vraie latence virale dans des lymphocytes T CD4 quiescentes et dans d’autres types de cellules d’une part, une réplication virale continue à bas bruit d’autre part.
JAMA, 3 novembre 1999, 282: 1627-1632
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