Chaque narine transmet une information olfactive différente au cerveau
Le fait que le flux d’air soit alternativement toujours plus important dans une narine que dans l'autre s'accompagne d'une différence de la perception olfactive transmise par chaque narine au cerveau, indique une étude américano-israélienne à paraître jeudi de la revue Nature. Autrement dit, l’olfaction se fait sur le mode stéréo.
A tout moment, du fait de la présence d'un léger oedème turbinal, le volume d’air qui parcoure les narines n’est pas le même des deux côés. C’est tantôt la narine droite qui laisse passer le plus d’air pendant plusieurs heures, tantôt la gauche. Ceci a pour effet que les molécules odorantes sont absorbées à un rythme différent de chaque côé.
Noam Sobel et ses collaborateurs de l’Université de Stanford (Californie), en collaboration avec Amnon Saltman de ministère israélien de la protection de l’environnement, ont évalué auprès de 20 sujets les possibles conséquences de ces différences sur la perception olfactive.
Les chercheurs ont utilisé un olfactomètre pour produire un mélange à part égale de deux composés : le L-carvone et l’octane. Ils ont demandéà dix reprises à ces volontaires de sentir ce mélange en utilisant soit la narine droite, soit la gauche, puis d’indiquer les proportions des deux composés (par exemple 55%-45%). Les chercheurs ont déterminé qu’elle était la narine par laquelle s’écoulait le flux d’air le plus important.
Bien que les proportions des deux gaz odorants soient restées les mêmes (50%-50%) au cours des expériences, les chercheurs ont expliqué aux volontaires que celles-ci variaient légèrement.
Résultat : 17 des 20 sujets ont déclaré que le mélange respiré contenait plus d’octane (en moyenne 61%) lorsqu’ils respiraient le mélange par la narine qui laissait passer le moins d’air. En revanche, ils ont déclaré que le mélange contenait plus de L-carvone (en moyenne 55%) quand ils utilisaient à ce moment-là la narine par laquelle passait le flux d’air le plus important.
Après avoir attendu quelques heures pour que le flux d’air s’inverse entre les deux narines, les chercheurs ont repris leurs expériences sur huit sujets. Ils ont alors observé que la perception du même mélange s’était inversée chez sept d’entre eux.
La perception de l’odeur dépend donc du flux aérien dans chaque narine et non du fait qu’on respire par la narine droite ou par la narine gauche. Cette différence dans les flux d’air a pour conséquence une disparité dans la perception des odeurs, chaque narine transmet une information olfactive différente au cerveau. Pour les auteurs, un tel système permet sans doute de renforcer notre acuité olfactive.
Source : Nature, Vol. 36, 4 novembre 1999, 36.
Descripteur MESH : Perception , Cerveau , Nature , Perception olfactive , Californie , Gaz , Odeurs , Oedème