VIH SIDA : des chercheurs français relancent l'espoir d'une guérison

En dépit de 30 années de recherche et de dizaines de millions de patients infectés, le VIH / SIDA demeure incurable. C'est sur sa capacité à rester tapis dans l'ombre des cellules du système immunitaire que les stratégies thérapeutiques butent irrémédiablement.  Or, l'équipe du laboratoire Immunité et cancer (Inserm U932/Institut Curie) vient de montrer que, grâce à des anticorps, il était possible,  d'empêcher la libération dans l'organisme des réservoirs de virus stockés dans les macrophages, faisant ainsi la une du Journal of Experimental Médecine dans lequel ces travaux sont publiés.

Les cellules macrophages constituent un cible de choix pour le VIH. Non seulement elles leur offrent un site de réplication  en leur fournissant le matériel nécessaire, mais aussi un de site de stockage prolongé au sein de compartiments internes qui les protègent des médicaments antiviraux et des attaques du système immunitaire. En leur offrant ainsi le gite et le couvert, les cellules macrophages contribuent grandement à sa survie aux trithérapies et à sa dissémination dans l’organisme,  notamment dans le système nerveux central.

C'est en suivant le devenir des macrophages avant et après l'infection du VIH, que l'équipe du Dr Benaroch a découvert que les compartiments internes servant de zone de stockages au VIH existent également dans des cellules saines. Ce n'est donc pas le VIH qui crée ces compartiments internes mais bien les  cellules macrophages. Dans quel but ? "On ne le sait pas encore, cela a sans doute un lien avec leur fonction "d'éboueur" dans le système immunitaire.

L'équipe de chercheur a essayé de déterminer la composition de ces compartiments en utilisant notamment des drogues fluorescentes qui se lient à certains lipides. Ils ont ainsi pu identifier la présence du récepteur CD36, également appelé FAT pour fatty acid transporter, qui est une glycoprotéine présente dans de nombreux tissus et impliquée dans le stockage des graisses.

Or, en exposant des macrophages infectés à des anticorps anti-CD36, les chercheurs ont réussi à empêcher la libération des virus dans l'organisme. «Les anticorps pénètrent et atteignent les compartiments internes où ils piègent les particules virales en se liant aussi bien aux récepteurs CD36 présents sur leur enveloppe que sur ceux des compartiments», explique Philippe Benaroch. Résultat : tout le monde se trouve emmêlé et plus rien ne bouge ! «Le VIH est assez fragile et l'effet des traitements anticorps assez long. Si les particules virales sont piégées pendant quelque temps dans les compartiments, nous pensons qu'elles perdront leur pouvoir infectieux.»

Même si ces résultats restent à confirmer, les anti corps CD36 pourraient constituer un complément idéal aux trithérapies et ouvrir ainsi la voie à l'éradication totale du VIH dans  l'organisme et à la guérison de millions de personnes qui vivent avec.

 

http://jem.rupress.org/content/210/12/2523

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