Les coûts peuvent influencer les décisions en planification familiale
Etant donné les autres dépenses ménagères, les hommes et les femmes qui ont besoin des services de planification familiale doivent souvent considérer si leurs moyens le permettent.
Ils doivent juger les bienfaits potentiels de la planification familiale vis à vis les coûts d'obtenir ces services, qui pourraient inclure l'achat de méthodes et de fournitures, le temps de déplacement au dispensaire, la surveillance des enfants pendant les visites au dispensaire et le temps perdu au travail. En revanche, ils devraient aussi considérer les coûts à l'avenir d'avoir d'autres enfants.
Peu de recherches ont été faites sur la façon dont les couples prennent des décisions sur les dépenses pour les soins de santé. Cependant, une étude aux Philippines, soutenu par le Women's Studies Project de FHI, est en train d'explorer la prise de décisions des couples, notamment les décisions concernant les dépenses pour la planification familiale.
La recherche à l'île de Cebu, situé au sud des Philippines, a trouvé que les femmes jouent typiquement le rôle principal dans les décisions de dépenses ménagères, tandis que les décisions concernant la santé et la planification familiale étaient prises ensemble avec d'autres membres de la famille. Par exemple, deux-tiers des femmes enquêtées ne consultaient personne d'autre dans leurs decisions d'acheter des souliers ou des habits pour les enfants, et 43 pour cent ont dit qu'elles ne consultaient personne avant d'amener les enfants au médecin.
Cependant, les femmes avaient tendance à consulter des autres -- principalement leurs époux -- concernant les décisions qui impliquaient une plus grande dépense. Par exemple, 86 pour cent ont dit qu'elles consultaient leur époux concernant des achats importants pour la maison ; 90 pour cent pour l'achat de terrain ; 75 pour cent pour l'embauche de domestiques ; et 84 pour cent pour les déplacements en dehors de Cebu. S'il y a des conflits, 82 pour cent des femmes ont dit qu'elles et leurs époux parvenaient mutuellement à une décision finale, tandis que seulement 12 pour cent ont dit que l'avis du mari prévalait.
Quant aux décisions d'utiliser la planification familiale, la plupart des femmes ont dit qu'elles consultaient d'autres personnes. Seulement 12 pour cent des femmes ont dit qu'elles prenaient des décisions autonomes sur l'utilisation de la contraception. Différemment aux autres décisions pour lesquelles l'epoux était la personne consultée principalement, environ 20 pour cent des participantes à l'étude ont dit qu'elles parlaient avec d'autres femmes adultes concernant la planification familiale. Parmi les femmes qui consultaient leur mari sur la planification familiale, 25 pour cent des femmes ont rapporté que, lors d'un confit, la décision de la femme prévalait. Seulement 7 pour cent ont rapporté que le choix de leur mari prévalait.
La recherche était une suite récente de l'Enquête longitudinale et de la santé nutritionnelle du Cebu de 1983, une enquête menée parmi 3.000 ménages pendant 10 ans sur l'utilisation de la contraception et l'espacement des enfants, aussi bien que le régime alimentaire maternel et les pratiques dans l'alimentation des enfants. Cette étude a été menée par le Bureau de la population à l'Université de San Carlos au Cebu et le Carolina Population Center à l'Université de la Caroline du Nord située aux Etats-Unis, avec l'appui de FHI.1
Afin d'obtenir des données en vue d'une étude de suivi, les enquêteurs ont cité des décisions de ménage courantes et ont demandé aux femmes si elles consultaient quelqu'un lorsqu'elles prenaient la décision, qui elles consultaient, quel avis prévalait lors d'un conflit, et ce qu'elles faisaient lorqu'elles n'étaient pas d'accord avec la décision prise par quelqu'un d'autre.
D'autres études ont examiné les facteurs qui influencent la prise de décision par les couples concernant les dépenses ménagères et ont decouvert que souvent le coût n'est qu'une considération parmi plusieurs qui influencent l'utilisation de la planification familiale. Une étude de femmes de région rurale, aussi au Cebu, a trouvé que le temps perdu pour obtenir les contraceptifs était un facteur important dans l'utilisation de la contraception par ces femmes.2 La recherche en Thaïlande a trouvé des soucis semblables concernant les coûts impliqués dans la procuration des méthodes.3
Une petite étude, qui a interrogé 64 femmes vivant dans ou près d'un village de pêcheurs au sud de l'Inde, a trouvé que la prévalence contraceptive était influencée par l'autonomie des femmes plutôt que leurs revenus. Dans le village et ses alentours ruraux, la prévalence contraceptive était de 27 pour cent. Malgré le fait que les femmes vivant dans le village avaient des revenus familiaux plus élevés et un meilleur accès aux services de santé, leur utilisation de la planification familiale était la même que celle des femmes de la campagne, lesquelles vivaient dans une communauté de caste. Les chercheurs ont trouvé que les femmes donnaient comme raison principale pour la non-utilisation de la planification familiale leur manque de pouvoir dans la prise de décision. L'âge des femmes, la taille de la famille, l'âge des enfants et l'ordre de naissance ont influencé le pouvoir des femmes dans la prise de décision et leur accès à l'argent.
Une étude récente au Pakistan a trouvé qu'un niveau plus élevé en revenus non-acquis -- les biens que la femme détient et que le mari ne contrôle pas, comme les effets de ménage, les terres ou les bijoux -- a eu comme résultat global un niveau plus bas en fécondité pour les femmes de milieu urbain et rural. Les chercheurs ont trouvé que si les revenus non-acquis des femmes de la campagne augmentaient de 25 pour cent, comparé aux revenus non-acquis des hommes, le taux de fécondité diminuait d'un enfant par couple. Etant donné que le taux de fécondité du Pakistan est haut -- 5,4 enfants par femme -- les chercheurs ont recommandé que les politiques gouvernementales qui mettent plus de resources financières à la disposition des femmes pourraient à la longue améliorer l'utilisation de la contraception et diminuer les taux de fécondité.5
-- Barbara Barnett
Notes
- Adair L, Viswanathan M, Polhamus B, et al. Exploring the Complexity of Women's Lives: Family Planning, Children, Decision-making, Domestic Work and Labor Force Participation in Cebu, the Philippines. Report prepared for FHI's Women's Studies Project by the Carolina Population Center, UNC, and the Office of Population Studies, University of San Carlos, Cebu, the Philippines. Chapel Hill, NC: Carolina Population Center, 1997.
- Schwartz JB, Akin JS, Guilkey DK, et al. The effect of contraceptive prices on method choice in the Philippines, Jamaica and Thailand. In: Bulatao RA, Palmore JA, Ward SE, eds. Choosing a Contraceptive: Method Choice in Asia and the United States. (Boulder, CO: Westview Press, 1989) 78-102.
- Schwartz.
- Ravindran TK. Users' perspectives on fertility regulation methods. Economic and Political Weekly 1993;28(46-47):2508-12.
- Kress D, Winfrey W. Husbands, wives and family size decisions in Pakistan: testing the neoclassical model of resource allocation. Presentation at Population Association of America Meeting, Washington, March 27-29, 1997.
Network, Hiver 1998, Volume 18, Numéro 2.
© Copyright 1999, Family Health International (FHI)
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