Un même médicament pourrait être efficace contre les virus de l’hépatite B et C
Des chercheurs britanniques et américains rapportent qu’une même molécule, en l'occurrence un inhibiteur d'une enzyme intracellulaire, pourrait bloquer le cycle de vie du virus de l’hépatite B (VHB) et de celui de l’hépatite C (VHC).
Utiliser un seul et même antiviral contre le VHB et le VHC, et peut-être contre le virus Delta (dont le cycle qui dépend de protéines du VHB), serait une grande avancée sur le plan thérapeutique dans la mesure où ces deux maladies touchent plus de 400 millions d’individus à travers le monde, écrivent Nicole Zitzmann et ses collaborateurs du département de biochimie de l’Université d’Oxford. (Grande-Bretagne) dans les Comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (P.N.A.S.).
Aujourd’hui, le seul traitement de l’hépatite C chronique repose sur l’interféron alpha, seul ou associéà la ribavirine. La moitié des patients VHC+ seulement répondent à l’interféron et la rechute est fréquente lorsque ce traitement est interrompu.
Comment une même molécule peut-elle agir à la fois sur le VHB et le VHC dont les génomes et les cycles de vie sont si différents l’un de l’autre ? La réponse tient au fait que le VHB et le VHC ont trois choses en commun : ils ont pour cible le foie, les particules virales bourgeonnent à partir du réticulum endoplasmique et le repliement dans l’espace de leur glycoprotéine d’enveloppe est dépendante des mécanismes moléculaires dans lesquels intervient l’enzyme cellulaire glucosidase.
Ces points communs permettent de comprendre que les chercheurs, parmi lesquels on compte un Prix Nobel en la personne de Baruch Blumberg, se soient intéressés aux inhibiteurs des glucosidases.
Ces anti-alpha-glucosidases se comportent comme des antiviraux du fait que la glucosidase est impliquée dans le repliement et le transport dans le réticulum endoplasmique des glycoprotéines de l’enveloppe virale. Ces inhibiteurs entraînent une mauvaise conformation spatiale des glycoprotéines qui restent séquestrées dans le réticulum endoplasmique.
Parmi les composés étudiés, le NN-DNJ (N-nonyl-DNJ) a une rétention prolongée dans le foie, ce qui en fait un bon candidat pour concevoir des molécules antivirales à large spectre contre le virus des hépatites.
Parce que l’on dispose toujours pas d’un système de culture cellulaire pour le virus de l’hépatite C, les chercheurs ont menés leurx expériences sur un modèle quasiment équivalent qui fait appel au virus BVDV (bovine viral diarrhea virus).
La possibilité qu’un même médicament puisse être actif contre le VHB et le VHC est d’autant plus intéressant que de nombreux individus sont co-infectés. Par ailleurs, l’émergence de mutants résistants aux inhibiteurs de la glucosidase est peu probable car le cycle du virus dépend largement de la glycosylation assurée par cette enzyme cellulaire. Aux doses utilisées, l’inhibiteur enzymatique ne semble pas avoir d’effet sur les protéines cellulaires de l’hôte.
Pour Timothy Block du Jefferson Medical College (Doylestown, Pennsylvanie), associéà ces travaux, la proche étape consistera à développer des versions améliorées du composé NN-DNJ en collaboration avec la société de biotechnologie Synergy, (Edison, New Jersey), filiale de Monsanto-Searle.
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences, Vol.96, N°21, 11878-11882.
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