Réserves en fer élevées et détérioration neurologique chez les victimes d'un accident ischémique cérébral
Après un accident ischémique cérébral, des concentrations élevées en ferritine dans le plasma et le liquide céphalorachidien sont associées à une détérioration neurologique précoce. Ce résultat est la conclusion d'une étude menée par des médecins espagnols. Leurs travaux viennent d'être publiés dans la revue américaine Neurology.
Comme le rappellent le Dr Antoni Davalos (Hospital Universitari Doctor Josep Trueta, Girona) et ses collaborateurs, la formation fer-dépendante de radicaux libres entraine des lésions plus importantes dans les cas d'accidents ischémiques cérébraux.
Les auteurs ont étudié la concentration en ferritine dans le plasma et le liquide céphalorachidien (LCR) chez des patients victimes d'un accident ischémique cérébral. La concentration en ferritine, fer total et glutamate a été mesurée dans le plasma et le LCR dans les 24 heures qui ont suivies l'accident. Au total, 100 patients ont ainsi été étudiés. Les patients ont été classés en deux catégories selon l'évolution des symptômes dans les 48 heures.
Les auteurs ont montré que la concentration en ferritine plasmatique était plus élevées chez les patients dont les symptômes s'aggravaient (391 ng/ml en moyenne) que chez les patients stables ou présentant une évolution positive (148 ng/ml en moyenne). De même, les concentrations en ferritine dans le LCR étaient plus élevées chez les patients dont l'état s'aggravait (17,4 ng/ml contre 4,8 ng/ml en moyenne).
Selon le Dr Davalos, "les patients avec une concentration de ferritine (dans le plasma) supérieure à 275 ng/ml ont 80 % plus de risque de voir leur état s'aggraver". Il précise également que l'accumulation augmente avec l'âge et que cette accumulation est accélérée dans certains cas. "Pour ces personnes, un régime pauvre en fer devrait être recommandé". Il recommande également que cette concentration en ferritine soit évaluée de la même façon que la cholestérolémie ou la glycémie chez les patients avec des risques cardiovasculaires. Le fer pourrait contribuer à l'évolution péjorative des patients en favorisant la production de radicaux libres dans les neurones ou en endommageant la paroi des vaisseaux.
Les auteurs ont également noté une corrélation positive entre la concentration plasmatique en ferritine et celle du glutamate. La libération de glutamate qui suit un accident ischémique cérébral déclenche l'apoptose ainsi que la formation de radicaux libres dans les neurones. Sa mesure après un tel accident est donc un indicateur de l'évolution neurologique des patients. Les médecins ont ainsi noté que 60 % des sujets avec un taux de ferritine élevé avaient également une forte concentration plasmatique en glutamate.
Les auteurs rappellent que des travaux précédents avaient montré que la concentration en ferritine n'évoluait pas dans les 48 heures qui suivent un accident ischémique cérébral. De ce fait, il concluent que le taux élevé retrouvé chez certains patients n'est pas le résultat de l'accident cérébral.
Dans leur conclusion les auteurs précisent que des réserves en fer élevées "pourraient contribuer à l'évolution d'un accident ischémique cérébral en stimulant les mécanismes cytotoxiques". "Ces résulats suggèrent le développement d'étude thérapeutiques visant à inhiber l'effet cytotoxique du fer après un accident ischémique cérébral". "De plus, il faudra évaluer l'effet de la réduction du taux ferritine chez les personnes à risque avec une concentration supérieure à 275 ng/ml".
Source: communiqué de presse de l'American Academy of Neurology.Neurology 2000;54:1568-1574
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