Potentialisation de deux anticoagulants lors de la prise concomitante de méthylprednisolone
Des médecins de la Pitié-Salpêtrière ont démontré sur une petite série de patients une potentialisation de deux anticoagulants, la fluindione et l'acénocoumarol, lors de la prise concomitante de méthylprednisolone. Selon les auteurs, cette potentialisation induit un risque suffisant pour suggérer une réduction de la posologie de ces anticoagulants avant l'administration de méthylprednisolone.
Les corticostéroïdes à fortes doses tels que la méthylprednisolone sont largement utilisés pour le traitement des maladies inflammatoires et auto-immunes. Ces patients bénéficient souvent d'un traitement anticoagulant en raison de leur maladie ou d'une autre affection. Aucune étude n'avait évalué les interactions entre la méthylprednisolone et des anticoagulants administrés per os.
Le Dr Costedoat-Chalumeau et ses collaborateurs de la Pitié-Salpêtrière ont mené une étude prospective sur 10 patients recevant de la méthylprednisolone et un anticoagulant (fluindione ou acénocoumarol). L'éventuelle potentialisation des anticoagulants a été déterminée par des mesures de l'INR (International Normalized Ratio) dont la valeur est normalement comprise entre 2,0 et 4,0 pour des patients sous anticoagulants. Ces résultats ont été comparés à ceux de 5 patients sous méthylprednisolone seule.
La méthylprednisolone (1mg ou 500 mg/250 ml ) a été donnée en perfusion pendant 1 heure. Deux patients ont reçu de l'acénocoumarol (4mg/j ou 5mg/j) et huit ont reçu de la fluindione (5, 10, 20, 25 ou 40 mg/j).
L'INR moyen avant l'administration de méthylprednisolone était de 2,75 (2,02 à 3,81). Après administration de méthylprednisolone l'INR était de 8,04 (5,32 à 20,0).
De plus, les auteurs ont noté une augmentation de la concentration plasmatique de fluindione après l'administration de méthylprednisolone.
Par contre, l'INR n'a pas été augmenté chez les patients qui ont seulement reçu de la méthylprednisolone.
La prise concomitante de méthylprednisolone entraîne donc une potentialisation de ces anticoagulants dans ce groupe de patients. Au vu de ces résultats, les médecins préconisent un suivi quotidien de l'INR lors de l'administration concomitante de ces deux types de molécules. Néanmoins, cette étude portait sur une petite série de patients avec des maladies auto-immunes ou inflammatoires. Cette potentialisation reste à démontrer chez des patients souffrant d'autres maladies ou ne recevant pas des doses de méthylprednisolone aussi élevées.
Source : Ann Intern Med. 2000;132:631-635
Descripteur MESH : Anticoagulants , Méthylprednisolone , Patients , Acénocoumarol , Médecins , Risque , Maladie , Perfusion