Cancer du sein et chimiothérapie adjuvante : les recommandations de consensus ne sont pas assez suivies aux Etats-Unis

Une enquête américaine montre que l’utilisation de la chimiothérapie dans le cancer du sein est encore éloignée des recommandations de consensus. Ce déséquilibre est encore plus marqué chez les patientes les plus âgées, souligne cette étude parue dans les Annals of Internal Medicine.

L’utilisation moins fréquente de la chimiothérapie chez les patientes âgées peut refléter son efficacité moindre dans cette catégorie de patientes, expliquent les auteurs. D’une manière plus générale, les observations réalisées posent la question de l’adéquation des recommandations avec la pratique courante.

Pour cette analyse, Du et al. ont examiné les données de tous les cas de cancer du sein de stade I, II, IIa et IIIa diagnostiqués au Nouveau Mexique entre 1991 et 1997, soit 5101 femmes de plus de 20 ans. L’utilisation de la chimiothérapie était comparée à celle recommandée par la conférence de consensus des Instituts Nationaux de la Santé de 1990. Selon ces recommandations, la chimiothérapie adjuvante doit être initiée pour toutes les femmes avec un cancer du sein étendu aux ganglions lymphatiques ou avec une tumeur supérieure à 1 cm.

Globalement, 29 % des patientes ont bénéficié d’une chimiothérapie. Plus précisément, ce chiffre était de 66 % pour les moins de 45 ans, 44 % pour les 50-54 ans, 31 % pour les 55-59 ans, 18 % pour les 60-64 ans, 12 % pour les 65-69 ans et 3 % pour les plus de 75 ans.

Les auteurs n’apportent pas d’explication définitive à la réduction de l’utilisation de la chimiothérapie chez les patientes les plus âgées. Des essais cliniques ont montré que son efficacité était réduite chez ces patientes. Cette observation expliquerait les tendances observées. Cependant, les auteurs posent la question de savoir si ces recommandations de consensus sont trop aggressives ou si le corps médical est trop conservateur pour faire évoluer rapidement sa pratique selon ces mêmes recommandations.

Source : Ann Intern Med 2003 ; 2003;138:90-97.