Un nouveau regard sur un vaccin contre la maladie d’Alzheimer ?
Des essais cliniques de vaccination contre la maladie d’Alzheimer ont du être arrêtés cette année en raison d’une réaction inflammatoire du tissu cérébral. Deux nouvelles études publiées aujourd’hui dans Nature Medicine laissent néanmoins penser que cette approche pourrait être efficace avec quelques modifications.
Les essais portaient sur une méthode d’immunisation contre le peptide beta-amyloïde (Aβ42) dont les agrégats sont une des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Des travaux avaient montré que l’immunisation contre ce peptide pouvait générer des anticorps spécifiques chez des souris : ces anticorps dirigés contre Aβ42 étaient associées à une disparition des dépôts de Aβ42 et à une amélioration des symptômes neurodégénératifs.
Aujourd’hui, Roger Nitsch et des confrères de l’Université de Zurich apportent la preuve que les patients humains qui ont reçu une vaccination contre Aβ42 présentent des anticorps contre cette protéine, ce qui est une étape déterminante vers un éventuel processus de disparition des dépôts de Aβ42. Ces anticorps sont spécifiques et reconnaissent Aβ42 dans les plaques amyloïdes, les dépôts diffus ou encore dans les vaisseaux du cerveau.
Par ailleurs, les anticorps sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique, ce qui suggère qu’ils pourraient bien agir sur les dépôts pathologiques de Aβ42 dans le cerveau des patients. Enfin, ils ne génèrent pas de réaction croisée avec une forme plus longue de la protéine que l’on retrouve dans neurones sains. Globalement, un vaccin de ce type peut induire la production d’anticorps spécifiques dirigés contre les formes pathologiques de peptide beta-amyloïde.
Mais ces approches ont pour l’instant été abandonnées en raison de réactions inflammatoires chez certains patients. A ce sujet, les travaux de McLaurin et al dans Nature Medicine laissent penser que les réactions indésirables pourraient être évitées en modifiant la protéine injectée pour l’immunisation.
Ces chercheurs canadiens et allemands ont travaillé sur des souris immunisées contre le peptide beta-amyloïde. Ils montrent que les effets positifs sont imputables à des anticorps dirigés contre les résidus 4 à 10 du peptide beta-amyloïde, alors que celui-ci en comporte 42. Point important, ces anticorps n’entraînent pas de réaction inflammatoire. En d’autres termes, ces données ouvrent la voie à une modification des antigènes utilisés pour cette vaccination afin d’éviter les réactions inflammatoires observées.
Source : Nature Medicine 2002. Publication en ligne avancée, DOI:10.1038/nm783 et DOI :10.1038/nm790
SR
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