Prion : un traitement efficace chez la souris pourrait être utilisable chez l’homme
Un groupe de chercheurs allemands a mis au point une approche thérapeutique qui permet d’allonger très significativement l’espérance de vie de souris expérimentalement infectées par une souche de prion responsable de tremblante. Les résultats pourraient constituer une nouvelle voie thérapeutique pour les maladies à prion chez l’homme.
Cette démarche originale fait l’objet d’une publication dans la revue médicale anglaise The Lancet datée du 20 juillet. Ce travail a été réalisé par Hans Kretzschmar de l’Université Ludwig-Maximilians et des collaborateurs de l’Université Technique de Munich and de Coley Pharmaceuticals.
Ce groupe de chercheurs a émis l’hypothèse que l’absence de réponse immunitaire contre les prions est imputable au fait que ces agents pathogènes ne portent pas d’acide nucléique, support universel de l’information génétique. « La réponse immunitaire contre les bactéries et les virus est déclenchée, parmi d’autres choses, par la présence d’acides nucléiques étrangers », expliquent ces scientifiques.
Dans ce contexte, ils ont testé l’efficacité d’un matériel génétique particulier, des oligodéoxynucléotides CpG, comme forme de traitement après une infection par le prion chez la souris. On a en effet déjà montré que ces oligodéoxynucléotides CpG étaient capables de stimuler l’immunité innée.
Pour cela, les chercheurs ont infecté 24 souris en bonne santé (trois groupes de huit) avec des homogénats de tissu cérébral prélevés sur d’autres souris en phase terminale d’une infection par une souche de prion pathogène responsable de tremblante (isolat RML). La préparation d’oligodéoxynucléotide CpG a ensuite été injectée à des intervalles réguliers, sur une base quotidienne et pendant quatre ou 20 jours.
La durée de vie de ces souris traitées a été comparée à celle de souris infectées mais non traitées par oligodéoxynucléotide CpG.
Les résultats ont été très clairs : la durée de vie des souris traitées par oligodéoxynucléotide CpG était supérieure de 38 % à celle des souris infectées mais non traitées. Par ailleurs, le délai jusqu’à l’apparition d’un stade terminal de la maladie était plus long pour les souris qui avaient reçu le traitement pendant 20 jours.
Le cas des souris traitées pendant 20 jours était très marquant puisqu’elles n’avaient pas encore déclaré la maladie à 330 jours alors que l’espérance de vie est d’environ 180 jours sans traitement.
Les oligodéoxynucléotides CpG n’ont pas eu d’effet négatif lorsqu’ils ont été injectés à des souris saines, soulignent les chercheurs.
Selon Hans Kretzschmar et ses confrères : « L’explication la plus vraisemblable est la stimulation des cellules du système immunitaire inné qui expriment TLR9, tels les macrophages, les monocytes et les cellules dendritiques. Les oligodéoxynucléotides CpG n’ont pas montré avoir des effets adverses sur la santé humaine et pourraient ainsi être considérés comme un choix thérapeutique après une infection par prion. »
Cette étude fait l’objet d’un commentaire rédigé par George Carlston (McLaughlin Research Institute, USA) et publié dans le Lancet. Il estime que cette approche est raisonnable et conclut que le « développement de diagnostics et de prophylaxies post-exposition améliorées est urgent étant donné la prévalence inconnue de l’infection subclinique par le prion associée à l’épidémie d’ESB. »
Source : Lancet 2002 ;360 :184, 229-30
SR
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