Cancer du sein : une mutation génétique permettrait de prévoir les risques de récidive
La découverte d'un marqueur génétique pourrait aider les médecins à prévoir les cas de récidives de cancer du sein. Des chercheurs de l'Université de Philadelphie et de Yale rapportent dans le numéro de mars de Cancer que des altérations du gène p53 (gène suppresseur de tumeur) augmentent les risques de récidive de cancer du sein. Cette découverte pourrait amener à revoir les types de traitements proposées aux femmes présentant ces mutations.
Pour cette étude, le Dr B. Turner (Thomas Jefferson Medical College, Philadelphie) et ses collaborateurs ont étudié le cas de 121 femmes ayant bénéficié d'une tumorectomie suivie d'une radiothérapie post-opératoire. Ces patientes ont été opérées entre 1973 et 1995 et ont été suivies pendant 14 ans en moyenne.
Les résultats de cette enquête montrent que la quantité de protéine p53 mutante est plus importante chez les femmes ayant eu une récidive de cancer du sein dans les 4 ans suivant le diagnostic. Ainsi, 39 % des patientes qui ont présenté une récidive avaient un taux anormalement élevé de protéine p53 mutante contre 9 % des femmes n'ayant pas eu de récidive. De plus, seulement 48 % des patientes caractérisées par un taux élevé de protéine p53 mutante ont vécu 10 ans sans développer la maladie contre 67 % des patientes ne présentant pas d'altération du gène p53.
Le gène p53 "suppresseur de tumeur" participe au blocage de la croissance des cellules cancéreuses. Ces fonctions sont multiples, il est impliqué dans le contrôle de la croissance cellulaire, régule l'expression de plusieurs gènes et joue un rôle déterminant dans les processus de mort cellulaire (apoptose).
Le Dr B. Turner précise que "ce résultat constitue la première preuve que des mutations du gène p53 sont associées chez la femme à une faible réponse aux traitements par radiothérapie".
Il ajoute que "des femmes porteuses de ces mutations nécessitent donc des traitements additionnels afin de prévenir les récidives et minimiser les risques de maladie métastasique". L'augmentation des doses de radiations, associée à des radio-sensibilisants, pourrait constituer une alternative.
Le séquençage complet du génome devrait assurer l'identification des gènes susceptibles d'être impliqués dans les processus de carcinogénèse. Selon le Dr Turner, la mise au point de thérapies anti-cancer en fonction des altérations génétiques sera délicate du fait du nombre important de gènes potentiellement concernés. Cependant, l'investissement massif des entreprises pharmaceutiques et de biotechnologies dans ce domaine pourrait éventuellement apporter une solution.
Source : press release de l'Université Thomas Jefferson de Philadelphie.
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