Maladie d'Alzheimer : les estrogènes ne ralentissent pas la maladie
Chez les femmes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer légère à modérée, un traitement à base d'estrogènes pendant un an ne ralentit pas la progression de la maladie d'Alzheimer, pas plus qu’il n'améliore les fonctions globales, cognitives (fonctions intellectuelles et de mémoire) ou fonctionnelles, indique une étude parue mercredi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Cette étude, conduite par le Pr Ruth Mulnard de l'Université de Californie à Irvine, ne confirme donc pas l’utilité des estrogènes dans le traitement de cette démence sénile. Cela dit, soulignent les auteurs, le potentiel de ces hormones féminines dans la prévention mérite, lui, de faire l’objet d’autres recherches.
Des enquêtes précédentes avaient suggéré que les estrogènes pourraient être bénéfiques pour limiter les effets de la démence sénile. Les auteurs ont choisi d’étudier les effets des seuls estrogènes car de précédents travaux avaient montré que la progestérone semble atténuer les possibles effets bénéfiques des estrogènes sur le système nerveux central.
L’Alzheimer's Disease Cooperative Study est une étude randomisée, double aveugle, contrôlée avec placebo, qui a été conduite entre octobre 1995 et janvier 1999 dans 32 centres de soins répartis aux Etats-Unis. Au total, 120 femmes atteintes d’une maladie d’Alzheimer légère à modérée y ont participé. Ces participantes ont été randomisées pour recevoir un estrogène (0.625 mg/jour (n = 42), or 1.25 mg/jour (n = 39), ou un placebo (n = 39). Un sujet a été exclu après randomisation, mais avant d’avoir reçu un traitement. Au total, 97 personnes ont terminé l’essai clinique.
Le principal critère de jugement a été l’observation d’un changement dans le Clinical Global Impression of Change (CGIC), qui comporte 7 niveaux, analysé en intention de traiter. Les critères d’évaluation ont été, comparé avec le placebo, des mesures globales et des mesures sur l’humeur, les activités quotidiennes, certains aspects congintifs spécifiques (mémoire, attention, langage), les fonctions motrices, au 2e, 6e, 12e et 15e mois de suivi.
Les résultats montrent que le score CGIC pour l’estrogène versus le placebo a été 5.1 versus 5.0 (P = .43). Par ailleurs, l'état de 80 % des participants recevant l’estrogène contre 74 % des participants sous placebo s'est aggravé (p = 0.48). Les autres paramètres enregistrés n’ont montré aucune différence significative, à l’exception du Clinical Dementia Rating Scale, ce qui suggère aux auteurs une aggravation de la maladie chez les patients recevant l’estrogène (changement moyen après traitement dans le score pour l’estrogène de 0,5 versus 0,2 pour le placebo, p = 0,01).
Source : JAMA. 23 février 2000; 283 : 1007-1015.
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