Impact des médias sur l’opinion publique en matière de santé: exemple du vaccin anti-rotavirus rotashield
Des chercheurs du National Immunization Program (Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, EU) reviennent à travers une étude bibliographique de différents médias américains, sur l’affaire du vaccin rotashield anti-rotavirus, retiré du marché depuis octobre 99 à la suite de suspicion de cas d’invaginations chez des jeunes enfants vaccinés. Les chercheurs ont évalué ce qui avait motivé les articles publiés sur le sujet, et tenter de déterminer l’impact sur l’opinion publique, avant et après la décision de retrait du vaccin.
En août 1998, la FDA a donné son feu vert à la mise sur le marché du vaccin contre le rotavirus, le virus causant la majorité des diarrhées sévères du jeune enfant. Quatorze mois plus tard, le vaccin fut retiré de la circulation pour suspicion d’invaginations.
Les chercheurs ont recensé auprès des services de surveillance américains de l’audiovisuel tout ce qui concernait le vaccin, des premiers essais en janvier 1987 jusqu’en mars 2001, 17 mois après son interdiction. Ils ont également étudié les appels sur la ligne d’assistance technique du National Immunization Program durant la période pendant laquelle l’information sur le vaccin a été diffusée (1er juillet-31 décembre 1999).
Les mesures principales relevées ont été les bénéfices et les effets secondaires du vaccin, le classement des articles positifs ou négatifs sur le sujet, et les réactions du public.
Avant les cas d’invaginations suspectés être associés au vaccin (janvier 1987 à juillet 1999), 21% des 188 articles mentionnaient des effets négatifs et deux étaient contre le vaccin lui-même, tandis que 99% des papiers parlaient des bénéfices du vaccin.
Durant la période du retrait du vaccin (juillet à décembre 1999), 93% des articles ont mentionné des effets néfastes du vaccin et 77% étaient contre le vaccin, alors que 86% mentionnaient encore les effets positifs du vaccin.
Durant cette période, le taux de papiers par mois sur le vaccin a augmenté d’un facteur 14, et pendant la période allant de janvier 2000 à mars 2001, seuls deux articles étaient focalisés sur le vaccin lui-même.
Selon les auteurs, la recherche scientifique ou les pouvoirs publics de santé, ont suggéré 80% des articles (les appels ont augmenté de 57% par rapport aux autres appels concernant d’autres vaccins).
«Nous avons trouvé qu’à partir du moment où le CDC a publié 15 cas d’invaginations parmi des enfants ayant été vaccinés, la représentation du vaccin par les médias a changé de façon brusque et négative», ont commenté les auteurs.
«Nous pensons que cette étude montre que l’activité des médias est d’abord stimulée par les recherches scientifiques et les décisions de santé publique», écrivent les auteurs.
«Afin de prévenir ces avalanches médiatiques de soudaine condamnation, il faut que les scientifiques et les pouvoirs publics apprennent à travailler avec les médias pour s’assurer que l’opinion est informée à la fois sur les bénéfices et les risques des vaccins, en particulier parce que les médias constituent la principale source de telles informations», ajoutent-ils
«Une telle désinformation peut conduire à des réactions du public telles qu’elles peuvent enrayer le succès de programmes de vaccinations», ont-ils concluent.
Source : JAMA 20 mars 2002;287:1455-62
PI
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