Génétique de la schizophrénie : de nouvelles pistes
Deux articles scientifiques qui paraîtront prochainement dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of USA confirment la place centrale d'une portion du chromosome 22 dans la prédisposition à la schizophrénie. Une première publication implique une région assez courte porteuse de deux gènes connus seulement. La deuxième évoque des modifications de l'expression des gènes des apolipoprotéines L, eux aussi situés sur le chromosome 22.
Dans un premier article, Liu et al rappellent que la région chromosomique 22q11 a déjà été décrite comme un locus de susceptibilité à la schizophrénie. Des microdélétions dans cette région ont été retrouvées avec une fréquence anormalement élevée chez des patients schizophrènes et notamment dans des cas de schizophrénie précoce qui se déclarent vers 13 ans. Ces résultats n'ont fait que confirmer la présence de gènes impliqués dans la schizophrénie dans cette région.
Liu et al ont étudié l'ADN de patients schizophrènes adultes et enfants ainsi que celui de leurs parents et de sujets témoins. Ce travail a permis de définir dans la région 22q11 un locus associé à la schizophrénie. Ce segment est assez restreint et il porte deux gènes connus seulement : PRODH2 et DGCR6. Il est encore trop tôt pour déterminer quelle est la contribution de ces gènes (ou de leurs variants) dans la schizophrénie.
Les chercheurs expliquent avoir mis en évidence des variants de PRODH2 qui se caractérisent par une structure de type pseudogène. Le gène PRODH2 code normalement pour une proline déshydrogénase, une enzyme mitochondriale. Il est largement exprimé dans le cerveau et dans d'autres tissus. La fonction du produit du gène DGCR6 est moins connue et les résultats semblent plutôt impliquer PRODH2 dans cette association avec la schizophrénie. En conclusion, Liu et al expliquent que la caractérisation des autres gènes de la région est en cours.
La deuxième publication, signée Mimmack et al, portait sur la mesure de l'expression de plusieurs gènes possiblement impliqués dans la schizophrénie. Le choix de ces gènes était motivé par leur implication dans ce trouble psychiatrique, leur rôle possible au vu de notre compréhension de la maladie ou encore leur localisation dans une région chromosomique de susceptibilité.
L'examen post-mortem de tissus cérébraux a révélé une augmentation marquée de l'expression de l'apolipoprotéine L1, L2 et L4 chez les sujets schizophrènes comparée à celle retrouvée chez des sujets témoins ou d'autres patients psychiatriques. Ces apolipoprotéines appartiennent à la famille des "high density lipoprotein" et jouent donc un rôle central dans le transport du cholestérol. Il est intéressant de noter que les gènes des six apolipoprotéines L sont tous situés à proximité les uns des autres, sur le chromosome 22q12, "un locus confirmé de forte susceptibilité pour la schizophrénie", écrivent Mimmack et ses collaborateurs.
Source : Proc Natl Acad Sci USA Early Edition 12 mars 2002. www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.032069099 et www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.042700699.
SR
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