Changement climatique et paludisme : un lien très mince ?
Il n'y a pas de lien entre les variations climatiques et la résurgence du paludisme dans les régions d'altitude de l'Afrique de l'Est. C'est du moins la conclusion d'un groupe international de recherche qui a examiné les données climatiques de quatre régions pour les années 1901-1995.
La lutte contre le paludisme est encore aujourd'hui une priorité majeure en raison de ses conséquences sanitaires mais aussi de son impact sur le ralentissement du développement économique dans les régions d'endémie palustre.
On a assisté au cours de ces vingt dernières années à une résurgence des cas de paludisme. Cette tendance est bien documentée sur certains hauts plateaux d'Afrique de l'Est et plusieurs auteurs ont avancé l'hypothèse que cette recrudescence était liée à une variation des conditions climatiques et notamment une augmentation de la température dans ces régions.
Dans le dernier numéro de la revue Nature, Simon Hay (Université d'Oxford) et un groupe de chercheurs kenyans, anglais, australiens et américains estiment que cette hypothèse va à l'encontre des faits.
Ces scientifiques se sont intéressés à quatre régions d'altitude situées au Kenya, en Ouganda, au Rwanda et au Burundi. On dispose pour ces zones de chiffres clairs sur l'augmentation de l'incidence des cas de paludisme.
Malgré la mise en cause du climat, "il n'y pas eu d'examen critique des changements climatiques sur ces sites", écrivent Hay et ses collaborateurs dans leur article.
Ils ont revu les données météorologiques de ces quatre sites pour les années 1901-1995. Les données de température, précipitations et pression de vapeur étaient disponibles. Le nombre de mois favorables à la transmission de Plasmodium falciparum a été calculé sur la base de l'examen combiné de la température et des précipitations.
D'après ces scientifiques, ces paramètres n'ont pas changé de façon significative au cours de la période étudiée ou durant les périodes de résurgence du paludisme.
"L'absence de changement à long terme et à court terme des variables climatiques et de la durée des périodes favorables à la transmission de P. falciparum sur ces hauts plateaux n'est pas en accord avec la notion simpliste que les résurgences récentes du paludisme dans ces zones sont causées par une élévation des températures", écrivent les chercheurs.
Selon eux, la généralisation des résistances aux antipaludéens, les mouvements de population et la détérioration des systèmes de santé sont plutôt à mettre en cause.
Source : Nature 2002;415:905-9
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