Revues médicales : plus de pages pour les pays en développement
En collaboration avec les grands éditeurs de revues bio-médicales, l'OMS a annoncé la semaine dernière la mise en service de procédures d'abonnement à tarif réduit et via Internet pour les pays en développement. Dans un article publié dans la revue Nature, deux médecins américains expliquent que cette démarche n'est pas suffisante. Il faudrait que ces revues fassent une plus grande place aux publications qui touchent aux problèmes de santé rencontrés par les pays les plus défavorisés.
Le tarif préférentiel accordé par les éditeurs aux pays en développement constitue indéniablement un pas en avant dans la démocratisation de l'accès aux progrès médicaux (voir dépêche de Caducee.net du 31/01/2002)
On peut toutefois se demander si ces mesures auront un impact significatif et immédiat sur la prise en charge et le traitement des patients dans des systèmes de santé particulièrement démunis.
Cet avis est partagé par David Shaywitz (Massachusetts General Hospital) et Dennis Ausiello (Harvard Medical School). Leur article qui paraît sous la rubrique "correpondence" de Nature du 7 février examine les limites du programme "Accès à la recherche" initié par l'OMS.
Selon eux, le principal écueil réside dans le contenu même des revues désormais disponibles par Internet pour les pays en développement. Malgré une pratique tarifaire extrêmement avantageuse par rapport au coût de l'abonnement standard, ces revues continueront à porter dans leurs pages des articles éloignés des préoccupations premières du corps médical des pays pauvres.
Comme l'observent Shaywitz et Ausiello, ces publications sont essentiellement centrées sur des pathologies ou des traitements accessibles aux pays riches. Ils citent le cas d'une publication dans le New England Journal of Medicine sur la prophylaxie contre Pneumocystis carinii après une trithérapie anti-VIH. Quelles mesures pratiques pourraient découler de ces résultats dans des pays où les antirétroviraux sont inabordables ?
Les éditeurs devraient donc consacrer une partie de leurs pages à des publications originales axées sur les problèmes et besoins des pays en développement. Shaywitz et Ausiello proposent que ce soit le cas de 15 % des pages des revues.
L'intérêt de cette mesure serait double. Elle assurerait d'une part la mise à disposition de publications pertinentes pour les pays en développement et d'autre part sensibiliserait les lecteurs réguliers aux problèmes spécifiques de ces pays, argumentent Shaywitz et Ausiello.
"Moins de 10 % des dépenses mondiales de santé paraissent allouées à des pathologies qui représentent 90 % du poids global de la maladie, et il semblerait que les articles de recherche publiés suivent une tendance similaire", écrivent Shaywitz et Ausiello.
Source : Nature 2002;415:575
Descripteur MESH : Publications , Santé , Internet , Démarche , Médecins , Recherche , Antirétroviraux , Corps médical , Maladie , Massachusetts , Patients , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine