Cancer et traitement de la douleur : origines d'une mauvaise observance
La prise en charge inefficace de la douleur dans le cancer est souvent imputable à une mauvaise observance de la prise d'analgésiques opioïdes, révèle une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology du premier décembre.
"L'ancien message était que les patients ne prenaient pas leurs médicaments contre la douleur par crainte d'une dépendance", explique Christine Miaskowski de l'Université de Californie à San Francisco. "Notre étude écarte cette explication et a montré que les effets secondaires causés par la plupart des analgésiques opioïdes sont un élément clé pour expliquer pourquoi les patients n'adhèrent par à leur traitement antidouleur".
La plupart des patients ont en effet déclaré qu'ils préféraient vivre avec leur douleur plutôt que de subir les effets secondaires du traitement comme la constipation et la somnolence.
Miaskowski et ses collaborateurs ont suivi pour leur étude 65 patients cancéreux non hospitalisés et qui présentaient des métastases osseuses. Leur score de Karnofsky était supérieur à 50.
Les participants notaient chaque jour le traitement pris ainsi que l'intensité de leurs douleurs. L'observance des traitements était étudiée selon que les analgésiques opioïdes sont prescrit pour une prise nycthémérale ("around-the-clock") ou à la demande ("as-needed").
L'observance globale variait de 84,5 % à 90,8 % pour les opioïdes pris sur une base nycthémérale et de 22,2 % à 26,6 % pour les opioïdes pris à la demande.
"Un manque de connaissance ou d'évaluation de la douleur dans sa prise en charge par les médecins semble ressortir de l'examen du profil des prescriptions", observe Jamie von Roenn (Northwestern University) dans un éditorial du journal. "Une prise en charge efficace nécessite des évaluations répétées et des ajustements des doses".
Dans l'étude, 13,9 % des patients s'étaient vus prescris des opioïdes "around-the-clock", 56,9 % des opioïdes à la demande et 29,2 % les deux classes d'opioïdes. "Une mauvaise observance pourrait par conséquent refléter un manque d'amélioration des symptômes douloureux du à des prescriptions inadéquates d'analgésique", a poursuivi von Roenn.
Source : J Clin Oncol 2001;23:4275-9.
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