La calvitie masculine serait un marqueur du risque coronarien

Une nouvelle étude sur le lien entre calvitie et maladie coronarienne tend à montrer qu'une calvitie sévère sur le sommet du crâne (calvitie du vertex) est associée à un risque accru d'accident coronaire. La calvitie pourrait ainsi être utilisée comme un marqueur clinique pour identifier les sujets masculins exposés à un risque coronarien élevé, qui pourraient bénéficier d'un dépistage ciblé et d'actions de prévention.

Cette enquête épidémiologique souligne que ce résultat est indépendant de l'âge, et que l'association entre calvitie et maladie coronaire est plus forte chez les patients souffrant d'hypertension ou d'hypercholestérolémie.

Ces résultats proviennent d'une enquête menée dans le cadre de la Physician's Health Study. Elle a été conduite sur une durée de 11 ans et a porté sur 19.112 médecins âgés de 40 à 84 ans ne présentant pas d'antécédents d'angine de poitrine et d'événements cardio-vasculaires à l'inclusion.

Contrairement aux études précédentes, les travaux de l'équipe de JoAnn E. Manson (Ecole de médecine de Harvard, Boston, Massachussetts), distinguent quatre types de calvitie (calvitie frontale, calvitie modérée du vertex, calvitie prononcée du vertex, calvitie sévère du vertex) et s'appuient sur un nombre important de sujets.

Au total, 57,3% des sujets ont développé une calvitie à l'âge de 45 ans (calvitie localisée au vertex dans 34,3% des cas).

Les risques d'accidents coronariens (infarctus du myocarde, angine de poitrine, recours aux procédures de revascularisation) ont été légèrement supérieurs chez les personnes présentant une calvitie : risque relatif (RR) de 1,09 (IC 95% [0,94-1,25]) pour une calvitie frontale, RR=1,23 (IC 95%[1,05-1,43]) pour une calvitie modérée du vertex, RR=1,32 (IC 95%[1,10-1,59]) pour une calvitie prononcée du vertex, RR=1,36 (IC 95%[1,11-1,67]) pour une calvitie sévère du vertex (p<0,001).

L'analyse statistique par tranche d'âge (inférieur ou supérieur à 55 ans) ne modifie pas de façon pertinente les résultats.

Les risques d'accidents coronariens ont été plus importants dans le sous-groupe des hommes présentant une calvitie du vertex et une hypertension RR=1,79 ; IC 95% [1,31-2,44]) ou une hypercholestérolémie (RR=2,78 ; IC 95% [1,09-7,2]).

Quant à la calvitie frontale, elle a été un indicateur de risque que dans le seul sous-groupe des hommes hypertendus. (RR=1,75 ; IC 95% [1,24-2,48]).

L'ensemble de ces résultats tend à indiquer que la calvitie est un marqueur de risque accru de maladie coronarienne chez l'homme. Ce risque, qui augmente avec l'intensité de la calvitie, est plus important chez les hommes souffrant d'hypertension ou d'hypercholestérolémie. Il importe cependant de souligner que cette enquête porte sur une population de type caucasien à 92,1% et que les résultats ne peuvent de ce fait être extrapolables à d'autres à d'autres groupes ethniques.

Selon les auteurs, des taux élevés d'androgènes pourraient représenter une explication possible de l'association entre calvitie et maladie coronaire.

En effet, les hommes présentant une calvitie sévère semblent avoir un nombre plus important de récepteurs androgéniques dans le cuir chevelu, mais également des taux sériques élevés de testostérone totale et de testostérone libre. Or on sait que des taux élévés d'androgènes contribuent directement aux processus conduisant à la fois à l'artérosclérose et à la thrombose. De plus, ils peuvent avoir un effet délétère sur les facteurs de risque que sont l'HTA et l'hypercholestérolémie.

Source : Archives of Internal Medecine, 24 janvier 2000, Vol. 160, 165-71.