Nourrir les enfants de mère VIH+ au sein ou avec du lait maternisé n’a pas d’incidence sur le taux de mortalité au Kenya
Une étude réalisée au Kenya montre que les taux de mortalité et de morbidité des enfants nés de mère séropositive pour VIH sont similaires durant les deux premières années, qu’ils soient nourris au lait maternel ou au lait maternisé. La survie des enfants séronégatifs serait améliorée avec la prise de lait maternisé.
Des recherches antérieures semblent montrer que l’allaitement constitue un facteur de risque important de transmission de VIH. Les auteurs de cette étude ont montré précédemment que l’utilisation de lait maternisé pourrait prévenir la transmission du virus de 44%.
C’est dans ce contexte que Dorothy Mbori-Ngacha, de l’université de Nairobi au Kenya et Joan Kreiss de l’université de Washington à Seattle (EU), ont voulu comparer la morbidité, le statut nutritionnel ainsi que la mortalité entre les enfants de mère infectée par VIH nourris soit au sein soit avec du lait maternisé.
L’étude s’est déroulée à Nairobi entre 1992 et 1998 parmi quatre cliniques de la ville et a regroupé 371 femmes à statut VIH+ ayant accouché de 401 enfants (uniques ou jumeaux).
Les mères ont été assignées au hasard soit à donner du lait maternisé à leur enfant soit à les allaiter.
On a enregistré sur les deux premières années de la vie les taux de mortalité et de morbidité ainsi que l’état nutritionnel des enfants, ajustés en fonction de leur statut vis-à-vis de VIH.
Les taux de mortalité ont été de 20% et 24.4% (rapport=0.8 ; intervalle de confiance à 95%: 0.5-1.3) pour les groupes ‘lait maternisé’ et ‘allaitement’, respectivement. Après ajustement selon le statut VIH, le rapport a été de 1.1 (intervalle de confiance à 95%:0.7-1.7).
Le risque de mortalité associé à l’infection par VIH a augmenté d’un facteur 9 (IC à 95% :5.3-15.3).
L’incidence des diarrhées ainsi que des pneumonies et des autres maladies, ont été trouvées identiques entre les deux groupes.
L’état nutritionnel des enfants nourris au lait maternisé a semblé meilleur durant les six premiers mois.
Les auteurs concluent de leur étude que les enfants nourris au lait maternisé ont des taux de mortalité et de morbidité similaires aux enfants allaités durant les deux premières années de leur vie.
De plus, les enfants séronégatifs nourris au lait maternisé ont une survie plus importante à deux ans.
Les auteurs pensent qu’avec une éducation et l’accès à de l’eau stérilisée, le lait maternisé peut constituer une alternative bénéfique à l’allaitement pour les enfants nés de mères VIH+ avec des ressources financières faibles.
Dans un éditorial accompagnant cet article, Laura Guay et Andrea Ruff, de l’université Johns Hopkins à Baltimore (EU), tempèrent ces conclusions en disant que «les seuls critères valables, dont l’accès à de l’eau bouillie propre et le supplément nutritionnel non interrompu, ne représentent pas l’état réel de la situation des femmes VIH+».
Source : JAMA 2001;286:2413-20 et 2462-4.
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