Vaccination maternelle contre le VRS : une nouvelle possibilité pour protéger le nouveau-né
La Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier une recommandation concernant l'intégration du nouveau vaccin Abrysvo dans la stratégie de prévention des infections par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez le nourrisson. Actuellement, la prévention repose principalement sur l'injection du traitement Beyfortus chez le nouveau-né. La HAS suggère désormais de vacciner les femmes enceintes avec Abrysvo lors du 8e mois de grossesse. Dès septembre, les parents pourraient ainsi choisir entre deux options pour protéger leur enfant contre les infections à VRS.
Une nouvelle approche de la prévention des infections à VRS
Chaque année en France, près de 30 % des nourrissons de moins de deux ans souffrent de bronchiolite, dont près de 75 % des cas sont causés par le VRS. Bien que généralement bénigne, la bronchiolite peut parfois entraîner des formes sévères, notamment pendant la période épidémique hivernale de mi-novembre à fin janvier. Cette situation préoccupe les parents et surcharge le système de santé pédiatrique.
Actuellement, l'immunisation avec l'anticorps monoclonal Beyfortus est recommandée pour les nouveau-nés et nourrissons exposés pour la première fois au VRS. Le traitement Synagis peut également être utilisé dans certains cas.
En août dernier, le vaccin Abrysvo a obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe. Ce vaccin est conçu pour protéger les nourrissons de la naissance jusqu'à l'âge de six mois contre les maladies des voies respiratoires inférieures causées par le VRS, grâce à l'immunisation de la mère pendant la grossesse. Le ministère chargé de la Santé a demandé à la HAS d'évaluer l'intégration de ce nouveau vaccin dans la stratégie de prévention.
Pour formuler sa recommandation, la HAS a pris en compte les données d'immunogénicité, d'efficacité, de tolérance et d'acceptabilité du vaccin Abrysvo. Une consultation publique s'est également tenue au printemps 2024.
Vaccination au 8e mois de grossesse : efficacité et sécurité
Les données de l'étude MATISSE montrent une réduction significative des infections respiratoires sévères liées au VRS grâce à la vaccination maternelle : 81,8 % à trois mois et 69,4 % à six mois après la naissance. Les hospitalisations diminuent également de 67,7 % à trois mois et 56,8 % à six mois. Aucune augmentation des événements indésirables graves n'a été observée chez la mère ou le nouveau-né.
Ces résultats confirment l'intérêt de la vaccination maternelle, mais la HAS souligne la nécessité d'une pharmacovigilance renforcée pour surveiller un éventuel risque de naissances prématurées. Bien que ce risque ne soit pas significatif pour Abrysvo, il a conduit à l'arrêt du développement d'un vaccin concurrent. En attendant plus de données, la HAS recommande de vacciner entre les 32e et 36e semaines d'aménorrhée.
Choisir entre Beyfortus et Abrysvo : informer les parents
La HAS précise que la vaccination maternelle et l'immunisation par anticorps monoclonaux sont deux stratégies alternatives. Pour aider les professionnels à informer les parents, elle propose un tableau récapitulatif des avantages et inconvénients des deux approches.
Avantages de la vaccination maternelle (Abrysvo) :
- Protection du nouveau-né dès la naissance grâce aux anticorps maternels transférés via le placenta.
- Pas besoin d'injection pour le nourrisson.
- Potentiellement plus résistante aux mutations du VRS.
Inconvénients de la vaccination maternelle (Abrysvo) :
- Efficacité réduite en cas d'immunodépression maternelle ou de naissance prématurée.
- Efficacité décroissante au fil du temps.
- Surveillance nécessaire pour un éventuel risque de naissances prématurées.
Avantages de l'anticorps monoclonal (Beyfortus) :
- Efficacité et sécurité confirmées en vie réelle.
- Peut être administré jusqu'à l'âge de deux ans.
- Efficacité prouvée chez les prématurés.
Inconvénients de l'anticorps monoclonal (Beyfortus) :
- Nécessite une injection chez le nourrisson.
- Risque potentiel d'émergence de mutations virales réduisant son efficacité.
Dans certaines situations, l'immunisation passive avec Beyfortus est préférable :
- Nouveau-nés prématurés ou avec moins de 14 jours entre la vaccination et la naissance.
- Nouvelle grossesse chez une mère précédemment vaccinée.
- Femmes immunodéprimées.
Pour aider les parents à prendre une décision éclairée, la HAS prépare un document d'information disponible au lancement de la campagne.
Vers une prévention efficace et pratique des infections à VRS
Étant donné la saisonnalité du VRS, la HAS recommande de mener les campagnes de vaccination des mères par Abrysvo et d'immunisation des nourrissons par Beyfortus simultanément, de septembre à janvier. Les deux traitements devraient être disponibles dans les maternités pour maximiser l'adhésion des professionnels de santé et des parents.
Enfin, la vaccination des femmes enceintes est déjà recommandée contre d'autres maladies, et le vaccin Abrysvo peut être administré en même temps que celui contre la grippe. Cependant, un intervalle de deux semaines est conseillé avant une vaccination contre la diphtérie-tétanos-coqueluche.
La HAS rappelle également l'importance des gestes barrières comme complément à la vaccination et à l'immunisation pour protéger contre le VRS. Les recommandations pourront évoluer en fonction des résultats des essais en cours et des données de pharmacovigilance.
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