De l'attitude des médecins américains sur la peine capitale

Une proportion non négligeable des médecins américains se déclarerait prête à participer à une ou plusieurs étapes de l'exécution par injection de condamnés à la peine capitale, indique une nouvelle enquête. Les auteurs de cette étude insistent sur le fait que cette participation est contraire à l'éthique médicale et désapprouvée par les Associations de médecins les plus reconnues.

Le Dr Neil Farber et ses collaborateurs ont cherché à mieux connaître la position des médecins américains sur leur éventuelle participation à une exécution capitale par injection.

Ils ont ainsi adressé un questionnaire à 1.000 médecins, dont la plupart appartenaient à l'American Medical Association. Le questionnaire demandait par exemple si médecin interrogé serait prêt à prendre une part active dans les étapes suivantes : choisir le site de l'injection, démarrer l'injection automatique, administrer directement l'injection, examiner le condamné durant l'injection, prononcer le décès, inspecter le dispositif d'injection, superviser le personnel chargé de l'injection, commander le produit d'injection pour la pharmacie de la prison, prescrire des tranquillisants au condamné dans la nuit précédant l'exécution et signer le certificat de décès.

Les auteurs ont calculé combien de médecins participeraient à au moins une de ces étapes, toutes interdites par l'AMA mises à part les deux dernières.

Un peu moins de la moitié (413) des questionnaires envoyés ont pu être examinés : 19 % ont déclaré qu'ils seraient prêts à donner l'injection létale et 36 % à prononcer le décès du condamné. Peut-être plus marquant, 41 % des médecins qui avaient répondu feraient au moins une action ou un acte interdit par l'AMA, 25 % en feraient cinq ou plus et 14 % les huit interdites. Sans surprise, les personnes en faveur de la peine de mort ou qui considéraient cela comme un devoir envers la société étaient plus enclins à y participer.

Enfin, très peu de médecins interrogés étaient au courant des positions éthiques de l'American Medical Association, ce qui souligne le manque d'information sur l'éthique médicale chez de nombreux médecins, au moins sur le sujet de la peine capitale.

Source : Ann Intern Med 2001;135:884-8.