Faut-il lancer des programmes de dépistage systématique du cancer colo-rectal ?
Le cancer colo-rectal est une cause majeure de mortalité en Europe. Le professeur John Northover (Hôpital St Marks, Londres) a souligné à la conférence européenne sur le cancer (ECCO 11) l'intérêt d'un programme de dépistage par détection du sang occulte dans les selles.
Au cours de son intervention aujourd'hui à Lisbonne, le Pr Northover a déclaré que la chirurgie a été le traitement standard pendant plus de cent ans pour le cancer colo-rectal. Un dépistage adéquat permettrait d'améliorer les succès de ce type d'intervention en identifiant les patients avant que les symptômes n'apparaissent.
"Il a fallu environ 20 ans pour conduire et interpréter les essais randomisés nécessaires sur la détection du sang occulte dans les selles", commente Northover. "Les données de ces essais ont montré que le taux de décès pouvait être réduit jusqu'à 20 % si les gouvernements relevaient le défi d'un programme de dépistage".
D'autres auteurs posent la question des réels bénéfices de tels programme. Ainsi, le professeur Goran Ekelund (Hôpital Universitaire de Malmo, Suède) estime que la prévention par une détection précoce à grande échelle est attrayante, surtout lorsqu'elle permettrait de réduire la mortalité d'environ 20 %. "Mais ce n'est pas si simple", poursuit Ekelund, "il y a beaucoup de sources de biais et d'erreurs dans les études réalisées".
Selon lui, des résultats qui ne concernent uniquement que la différence de mortalité entre les patients dépistés et les groupes contrôle ne sont pas suffisants. Le nombre d'années de vie supplémentaires associées au dépistage serait mal connu, ainsi que le rapport coût/efficacité. "Ce que nous pouvons calculer est le nombre de patients à traiter, c'est à dire combien de personnes doivent être dépistées deux fois par an pendant 10 ans pour éviter un décès par cancer colo-rectal. Ce chiffre est autour de d'un millier", a ajouté Ekelund.
En conclusion, le professeur Northover a rappelé que le gouvernement anglais avait mis en place des centres pilotes qui devraient couvrir deux millions de personnes afin d'examiner le potentiel d'un programme de détection de sang occulte dans les selles. "Cela vérifiera qu'un service de qualité suffisante pourra être rendu et établira les vrais coûts. Ces études sont prévues pour se terminer en 2003".
Source : Federation of European Cancer Societies
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