Existe-t-il un gène qui protège de l’alcoolisme ?
C’est la question que se sont posés des chercheurs finlandais dans la revue Alcoholism : Clinical & Experimental Research en découvrant que même s’il le neuropeptide Y ne prédisposait pas à l’alcoolisme, il existait toutefois une relation entre son polymorphisme et la survenue retardée de la dépendance à l’alcool.
De nombreuses études antérieures ont montré qu’il existait des facteurs génétiques de prédisposition à l’alcoolisme mais les bases génétiques ne sont pas encore mises en évidence.
Récemment, une publication a relaté que le polymorphisme du peptide Y(transition leucine/proline en position 7) était associé à une augmentation de la consommation d’alcool de 34% chez les individus non alcooliques.
Hannu Alho et ses collaborateurs ont donc cherché à savoir en menant une enquête épidémiologique statistique si la dépendance à l’alcool était liée ou non de manière génétique à la mutation ponctuelle du neuropeptide Y.
Les auteurs ont enrôlé dans l’étude 122 personnes (101 hommes et 21 femmes) ainsi que 59 buveurs occasionnels qui ont servi de contrôle. L’ADN de leur salive a servi au génotypage du neuropeptide Y.
Les personnes alcooliques ont été divisées par la suite selon deux types d’alcoolisme, le type I (tardif, relié à l’anxiété et retrouvé dans les 2 sexes) et le type II (précoce, associé à un comportement agressif plutôt masculin).
Les résultats ont montré qu’il y avait statistiquement une fréquence diminuée d’hétérozygotie pour la substitution leucine/proline du neuropeptide Y parmi les personnes avec un alcoolisme de type 2 (10,8% contre 28% chez les contrôles, p=0,028).
Bien que difficile à interpréter selon les auteurs eux-mêmes, ces résultats semblent signifier que le polymorphisme du neuropeptide Y est associé avec l’apparition d’un certain type d’alcoolisme.
Les auteurs se gardent d’affirmer des conclusions et concèdent que « les résultats des études précédentes comme ceux de la nôtre ne permettent pas de dégager une idée claire sur les bases génétiques des comportements vis-à-vis de l’alcool ».
Et ils ajoutent que « contrairement à d’autres maladies bien caractérisées génétiquement parlant, l’alcoolisme dépend de l’interaction entre des facteurs de prédisposition génétique et des facteurs environnementaux potentiellement déclencheurs ».
Source : Alcoholism : Clinical and Experimental Research 2001 ;25 :1420-2.
Descripteur MESH : Neuropeptide Y , Personnes , Alcooliques , Génétique , Alcoolisme , Comportement , Femmes , Hommes , Mutation , Mutation ponctuelle , Salive