L'ecstasy altère les fonctions de mémoire même à long terme
Dans la dernière édition d'Archives of General Psychiatry, des auteurs néerlandais montrent que la prise d'ecstasy (3,4-methylenedioxymethamphetamine or MDMA) peut avoir des effets néfastes à long terme sur la mémoire.
Le Dr Liesbeth Reneman (Academic Medical Center d'Amsterdam) et ses confrères ont suivi 22 personnes qui avaient pris récemment du MDMA, 16 pour qui leur dernière prise remontait à plus d'un an et 13 sujets contrôles. Le but de ces travaux était de mieux cerner les conséquences neurologiques et cognitives de cette molécule devenue populaire.
Les participants ont réalisé des tests de mémoire verbale et les effets du MDMA sur les neurones sérotoninergiques (neurones 5-HT) ont été suivis par imagerie SPECT (single photon emission computed tomography). L'étude de ces neurones se justifie par divers travaux qui ont montré que cette classe de cellules neuronales était impliquée dans la mémoire.
Les auteurs ont montré que les consommateurs récents et anciens (> 1 an) d'ecstasy avaient de moins bons résultats aux tests de mémoire que le groupe contrôle. D'où la conclusion que cette drogue agit sur la mémoire non seulement de façon immédiate mais également sur le long terme.
Chez les consommateurs récents, cette altération de la mémoire s'accompagnait d'un effet toxique sur les neurones 5-HT étudiés. Cependant, cet effet négatif sur ces neurones n'a pas été observé chez les consommateurs anciens, précisent les chercheurs.
"Nos résultats indiquent également que ceux qui ont arrêté le MDMA ont un déficit de la mémoire verbale, similaire à ceux des consommateurs récents, et que de plus fortes doses cumulées de MDMA sont associées à de plus fortes altérations des fonctions de mémoire verbale immédiate", commentent les auteurs.
En résumé, l'ecstasy a un effet négatif immédiat sur la mémoire mais aussi longtemps après la dernière prise. Dans le cas d'une consommation récente, cette altération pourrait être corrélée à un effet toxique sur les neurones 5-HT, contrairement à ce qui est observé pour les prises anciennes. En d'autres termes, l'effet toxique sur les neurones pourrait être réversible sur le long terme contrairement à l'effet sur la mémoire.
Dans un commentaire de cet article, le Dr McCann et des confrères de l'université Johns Hopkins reviennent sur le problème de la prise de cannabis par les consommateurs d'ecstasy. Egalement évoqué par l'équipe de Reneman, le cannabis constitue un facteur confondant important pour l'étude des effets neurologiques de l'ecstasy. Dans ces conditions, sa consommation devrait être étroitement contrôlée pour les prochaines études.
Par ailleurs, McCann estime que cette nouvelle étude soulève de nombreuses questions sur le mécanisme d'action biologique à l'origine des troubles de la mémoire chez les consommateurs d'ecstasy. Outre cet aspect qui demande à être approfondi, le message à retenir s'adresse au grand public : "Il est urgent d'attirer l'attention du public sur ces résultats qui indiquent que le MDMA peut causer des dommages à long terme et des dysfonctionnements du cerveau humain", conclut McCann.
Source : Arch Gen Psychiatry 2001;58:901-6, 907-8.
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