Dans l'intimité de la bactérie Streptococcus pneumoniae
Des chercheurs américains viennent de publier la séquence totale du génome de la bactérie Streptococcus pneumoniae. Cette bactérie est couramment responsable d'infections respiratoires, d'otites moyennes mais aussi de pneumonies, septicémies et méningites notamment chez les enfants.
Le résultat de ce séquençage est publié dans la revue scientifique Science par Hervé Tettelin et plusieurs scientifiques américains. D'après ces chercheurs, la bactérie est responsable du décès de près de trois millions d'enfants chaque année et elle représente une réelle menace lorsqu'elle touche les personnes âgées.
En plus du problème de sa virulence élevée, on peut noter une croissance du nombre de souches résistantes à la pénicilline au cours de ces dix dernières années. Ainsi, le groupe de Tettelin rappelle 25 à 80 % des isolats sont aujourd'hui résistants à la pénicilline et le nombre des résistances aux macrolides et aux fluoroquinolones va en augmentant.
Le génome de la bactérie S. pneumoniae est composé de 2.160.837 paires de bases au fil desquelles 2.236 régions codantes ont été identifiées. Ces travaux ont permis d'identifier une fonction biologique pour 64 % des ces régions.
Un élément intéressant de l'analyse est la présence de nombreux gènes impliqués dans le métabolisme glucidique. Selon les chercheurs, S. pneumoniae porte plus de transporteurs de sucres que n'importe quelle bactérie séquencée à ce jour. Ce système faciliterait la colonisation bactérienne.
Une partie non négligeable (5 %) du génome est composée de séquences d'insertion qui indiquent des réarrangements génétiques fréquents par l'insertion d'ADN étranger.
Plusieurs protéines de surface et d'adhérence ont été identifiées par les chercheurs et ils estiment qu'elles pourraient constituer des cibles de choix pour la mise au point de vaccins.
Enfin, la comparaison de plusieurs souches de S. pneumoniae montre des séquences différentes, qui expliqueraient des différences de virulence.
Cette bactérie s'ajoute à la liste croissante des organismes dont le génome est séquencé. Il reste maintenant à savoir quels seront les délais avant l'arrivée de progrès diagnostiques ou thérapeutiques issus de séquençage des organismes pathogènes.
Source : Science 2001;293:498-506.
Descripteur MESH : Infectiologie , Génome , Organismes , Virulence , ADN , Croissance , Fluoroquinolones , Gènes , Macrolides , Métabolisme , Personnes , Protéines , Vaccins