Séropositivité, allaitement et mortalité

Le risque de décès chez les mères infectées par le VIH semble plus élevé lorsqu'elles allaitent. D'après un essai randomisé rapporté dans le Lancet, ce risque est 3,2 fois plus élevé chez les femmes séropositives qui allaitent comparé à celles qui n'allaitent pas leur enfant.

Cette étude présentée par Nduati et al portait sur 425 femmes enceintes et séropositives résidant à Nairobi. Les mères et leurs enfants étaient suivis pendant les deux premières années qui suivaient l'accouchement. Les participantes ont été réparties en deux groupes : certaines allaitaient et d'autres utilisaient du lait en poudre. L'étude a confirmé que le risque qu'un allaitement prolongé augmentait le risque de transmission du virus.

La mortalité chez les mères était significativement plus élevée chez celles qui allaitaient (18/197 comparés à 6/200 dans l'autre groupe). Pour les mères, la probabilité de décès dans les deux ans qui suivent l'accouchement est de 10,5 % chez celles qui allaitent contre 3,8 % dans l'autre groupe, soit un risque relatif de 3,2 (IC 95 % = 1,3-8,1). D'après les auteurs, "69 % des décès dans le groupe allaitement étaient attribuables à l'allaitement".

Il apparaît que l'allaitement chez les femmes séropositives a également un effet négatif sur le devenir de l'enfant. Il existe une très nette association entre le risque de décès de la mère et la survie de l'enfant, même lorsque le statut sérologique de l'enfant est pris en compte : les enfants ont 7,9 fois plus de risque de mourir si leur mère est décédée lors des deux premières années.

Les auteurs estiment donc que l'allaitement peut avoir des effets négatifs chez les mères séropositives et leurs enfants.

Dans un commentaire de ces travaux, Marie-Louise Newell (Institute of Child Health, Londres) souligne que d'autres études sont nécessaires pour confirmer ou réfuter ces résultats. Dans l'hypothèse ou cette tendance est confirmée, il faudra se pencher sur les mécanismes qui conduisent à cette fragilité. On peut également rappeler que l'allaitement maternel est souvent préférable aux laits en poudres dans les pays les plus pauvres. La mauvaise qualité de l'eau utilisée pose un réel problème de santé pour ces enfants.

Source : Lancet 2001:357:1651-5, 1634-5.