Asthme allergique : les bons résultats d’un anticorps monoclonal anti-IgE
L’administration intraveineuse d’un anticorps monoclonal recombinant humanisé anti-IgE représente un traitement potentiellement utile pour les patients ayant un asthme allergique modéré à sévère nécessitant une corticothérapie, rapporte une équipe américaine dans le New England Journal of Medicine au terme d’une étude multicentrique, randomisée, double aveugle, contrôlée avec placebo.
Développé par la firme californienne de biotechnologie Genentech (South San Francisco), l’anticorps monoclonal rhuMAb-E25 reconnaît sur les IgE le même site que le récepteur de haute affinité pour les IgE. Résultat : cet anticorps humanisé recombinant est capable de former des complexes avec les IgE libres, qui ne peuvent plus se fixer sur les récepteurs membranaires aux IgE sur les mastocytes tissulaires et les basophiles circulants.
Après une période de 'run-in' de quatre semaines, 317 patients nécessitant des corticoïdes inhalés ou par voie orale (ou les deux) ont été randomisés pour recevoir soit un placebo (n=105), soit une dose forte (5,8 µg/kg/ng d’IgE par millilitre, n= 106) ou faible (2,5 µg/kg/ng d’IgE par millilitre, n = 106) de l’anticorps rhuMAb-E25.
Le protocole a consisté en l’administration intraveineuse de rhuMAb-E25 à J0 (moitié de dose), à J4 (moitié de dose), J7 (pleine dose), puis une dose toutes les 2 semaines pendant 20 semaines. Au cours des 12 premières semaines de l’étude, les participants ont continué à recevoir leurs doses habituelles de corticoïdes. Celles-ci ont été progressivement réduites pendant les 8 semaines suivantes dans le but d’interrompre la corticothérapie.
Le critère principal d’évaluation était l’amélioration des symptômes de l’asthme à 12 semaines, évalués sur une échelle de 7 points (1 : absence de symptômes, 7 : symptômes d’intensité sévère). Initialement, le score moyen était de 4. Les patients étaient âgés de 11 à 50 ans.
Après 12 semaines de traitement, les scores moyens étaient de 2,8 ± 0,1 dans le groupe forte dose (p=0,008) et également de 2,8 ± 0,1 dans le groupe faible dose (p=0,005), versus 3,1 ± 0,1 dans le groupe placebo.
A la semaine 20, les scores moyens étaient de 2,7 ± 0,1 à la fois dans le groupe forte dose (p=0,048) et faible dose (p=0,14), versus 2,9 ± 0,1 dans le groupe placebo. Les concentrations sériques moyennes des IgE libres avaient alors diminué de 97,1 % dans le groupe forte dose, de 95,5 % dans le groupe faible dose.
Par rapport au groupe placebo, un plus grand nombre de patients recevant l’anticorps rhuMAb-E25 a été en mesure de diminuer ou d’interrompre les corticoïdes, mais seules certaines de ces différences ont été significatives.
Plus précisément, à la semaine 20, 78 % des patients du groupe forte dose (p=0,04), 57 % du groupe faible dose (p=0,23) et 33 % du groupe placebo étaient capables de diminuer de moitié les doses de corticoÏdes par voie orale. Ils étaient respectivement 51 % (p=0,07), 49 % (p=0,12) et 38 % à pouvoir réduire de moitié leur dose de corticoïdes inhalés.
Par ailleurs, 33 % des patients du groupe forte dose (p=0,38), 43 % du groupe faible dose (p=0,15) et 17 % du groupe placebo ont été capables d’arrêter les corticoïdes oraux. Concernant l’interruption des corticoïdes inhalés, ces pourcentages étaient respectivement de 18 % (p=0,27), 23 % (p=0,048) et 12 %.
L’immunothérapie a été bien tolérée. A la semaine 20, aucun patient n’a développé d’anticorps anti-rhuMAb-E-25, soulignent le Dr James Metzger (East Carolina Unversity, Greenville, Caroline du Nord, USA) et ses collaborateurs.
Source : N Engl J Med, 23 décembre 1999, vol.341, 1966-73, 2006-8.
Descripteur MESH : Anticorps , Pneumologie , Placebo , Patients , Asthme , Étude multicentrique , Biotechnologie , Caroline du Nord , Mastocytes , San Francisco