Prévention de la dépression associée à un traitement par l’interféron α

Une étude américaine parue dans le New England Journal of Medicine montre qu’un prétraitement par un antidépresseur (paroxetine) de patients présentant un mélanome malin réduit la dépression induite par l’administration de doses élevées d’interféron α.

Un traitement par l’interféron α-2b est communément compliqué par un état dépressif. Les animaux de laboratoires prétraités avec des antidépresseurs présentent moins de symptômes dépressifs après l’administration d’une cytokine.

Le Dr D. Musselman et ses collaborateurs ont cherché à savoir si une stratégie similaire se révélerait efficace chez l’homme. Dans ce but, les auteurs ont conduit une étude en double aveugle randomisée chez 40 patients affectés par un mélanome malin. Les participants ont reçu soit un antidépresseur (paroxetine, n=20), soit un placebo (n=20). Ce traitement a été appliqué 2 semaines avant l’administration de l’interféron α et a été poursuivi pendant les 12 premières semaines de la thérapie par l'interféron α.

Il apparaît que lors des 12 premières semaines de traitement par l’interféron α, une dépression majeure fut diagnostiquée chez 11 % des patients du groupe paroxetine, contre 45 % des individus du groupe placebo (risque relatif = 0,24 ; IC 95 % = 0,08-0,93).

Une dépression grave a nécessité l’arrêt du traitement par l’interféron α avant les 12 premières semaines chez 5 % des patients (n=1) du groupe paroxetine, comparé aux 35 % (n=7) des patients du groupe placebo (risque relatif = 0,14 ; IC 95 % = 0,05-0,85).

En ce qui concerne l’incidence des effets secondaires, elle fut identique pour les deux groupes.

En conclusion, chez les patients présentant un mélanome malin, un prétraitement par la paroxetine apparaît être une stratégie efficace pour minimiser la dépression induite par l’interféron α

Source : N Engl J Med 2001 ; 344 : 961-6