Un nouvel essai confirme l'efficacité du trastuzumab (Herceptin) dans le traitement de certains cancers du sein métastatiques
Le trastuzumab est un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur HER2 qui est surexprimé dans 25 à 30 % des cas de cancer du sein métastatique. Un essai publié dans le NEJM montre qu'il augmente les bénéfices d'un traitement de première intention dans les cancers du sein métastatiques qui surexpriment HER2. Néanmoins, le trastuzumab entraîne un cardiotoxicité particulièrement marquée chez les patientes qui reçoivent également une anthracycline et du cyclophosmamide.
La surexpression du récepteur HER2 dans certains cancers du sein est généralement liée à une amplification du gène. L'activation de ce récepteur transmembranaire par phosphorylation déclenche une cascade de transduction qui conduit à la division cellulaire. Le trastuzumab est un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre ce récepteur et bloque alors l'initiation du signal de transduction.
L'essai présenté par Slamon et al porte sur 469 patientes atteintes d'un cancer du sein métastatique surexprimant HER2, facteur qui est associé à un mauvais pronostic. Ces patientes ont reçu une chimiothérapie seule (n = 234) ou une chimiothérapie et du trastuzumab (n = 235).
Les patientes qui n'avaient pas reçu de chimiothérapie adjuvante postopératoire avec une anthracycline ont été traitées par doxorubicine (ou épirubicine) et cyclophosphamide, avec ou sans trastuzumab.
Celles qui avaient déjà reçu une anthracycline en thérapie adjuvante ont été traitées par paclitaxel avec au sans trastuzumab.
Par rapport à la chimiothérapie seule, les associations avec le trastuzumab ont montré une amélioration du temps jusqu'à progression (7,4 versus 4,6 mois, médiane), du taux de réponse (50 % versus 32 %), de la durée médiane de réponse (9,1 mois versus 6,1 mois).
La survie médiane également améliorée avec le trastuzumab : 25,1 mois versus 20,3 mois.
La cardiotoxicité était le principal effet secondaire associé au trastuzumab, son incidence était plus élevée chez les patientes traitées avec cet anticorps monoclonal.
Des complications cardiaques (insuffisance cardiaque) sont apparues chez 27 % des patientes du bras anthracycline + cyclophosmamide + trastuzumab versus 8 % des patientes sous anthracycline + cyclophosmamide seuls.
Dans le bras paclitaxel, les complications cardiaques ont touché 13 % des patientes sous trastuzumab versus 1 % des patientes sous paclitaxel seul.
Selon les auteurs, "Etant donné le pronostic extrêmement mauvais des patientes avec un cancer du sein métastatique HER2 +, la cardiotoxicité du trastuzumab doit être contrebalancée par son bénéfice clinique potentiel".
Les résultats de cet essai sont commentés par le Dr E. Eisenhauer (Queen's University, Canada) dans un éditorial du même journal. Elle note que ces résultats sont importants parce que "les progrès de la survie chez les femmes avec un cancer métastatique sont rares". De plus, cette approche démontre qu'une approche thérapeutique sélective et ciblée sur un déterminant moléculaire peut porter ses fruits.
En revenant sur la toxicité et sur le temps de progression allongé de seulement deux mois avec les anthracyclines, elle souligne que la FDA et l'agence Européenne équivalente (Committee for Proprietary Medicinal Products) ont approuvé le trastuzumab en association avec le paclitaxel seulement dans le traitement du cancer du sein métastatique surexprimant HER2.
Source : N Engl J Med 2001;344:783-92, 841-42.
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