Des Américains identifient des polymères capables d’éliminer les prions
L’équipe du Prix Nobel Stanley Prusiner annonce avoir identifié que des polymères d’architecture ramifiée sont capables de rapidement éliminer le prion infectieux dans des cellules nerveuses chroniquement infectées en culture. Ces composés de structure dendritique et de masse molaire élevée pourraient s’avérer utiles dans le traitement des maladies neurodégénératives à prions.
On le sait, les prions sont des agents non conventionnels dans la mesure où l’on considère que ces protéines sont dotées d’un pouvoir infectieux. Contrairement à la protéine prion PrP codée par l’hôte, l’isoforme pathologique PrPsc est résistant aux protéases.
Surachai Supattapone et ses collaborateurs rapportent que des concentrations non cytotoxiques de polyamines ramifiées permettent de réduire la quantité de prion pathologique PrPSc à un niveau indétectable dans des cellules de neuroblastome infectées par l’agent de la scrapie (tremblante du mouton). Un mois après le retrait de ces polymères du milieu de culture, ces cellules restent indemnes de prion infectieux.
Ces "résultats montrent clairement le potentiel des polyamines ramifiées pour entraîner l’élimination de la PrPSc", déclarent les auteurs dans les comptes rendus de l’Académie américaine des Sciences (PNAS).
Ils ajoutent qu’il reste bien sûr à déterminer " si les polyamines ramifiées serviront d’agents thérapeutiques dans les maladies à prions et dans d’autres affections dégénératives dans système nerveux central caractérisées par des dépôts de protéines anormales, comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique et de démence fronto-temporale ".
Des études faisant appel à des souris transgéniques, porteuses d'une mutation dans le gène PrP, sont en cours pour confirmer que l’infectiosité du prion peut être abolie par ces polyamines dont la structure géométrique dessine des cercles concentriques réguliers.
Les expériences conduites par les chercheurs californiens montrent que l’effet de ces polymères est optimal in vitro lorsque le pH est inférieur à 4. De plus, l’adjonction de chloroquine, molécule qui agit au niveau des lysosomes, à des extraits de tissu cérébral de souris infectés par l'agent de la scrapie diminue la capacité des polyamines ramifiées à éliminer la PrPSc.
Les polyamines ramifiées apparaissent donc capables de rendre la PrPSc sensible à l’action des protéases en milieu acide, ce qui semble indiquer que ces composés dépendent de l’environnement des endosomes ou des lysosomes pour détruire le prion infectieux. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour élucider le mécanisme exact par lequel les polyamines ramifiées détruisent la PrPSc.
Les auteurs concluent leur article en mentionnant un résultat qu’ils viennent tout juste d’obtenir : leurs composés n’ont pu éliminer la PrPSc de cellules cérébrales de hamster infectées par l’agent de la scrapie. Ceci suggère que la sensibilité des prions aux polyamines ramifiées pourrait dépendre de différences liées à la souche ou à la séquence du prion infectieux.
PNAS, 7 décembre 1999, vol.96, n°25, 14529-34.
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