Schizophrénie et traumatisme : l’EMDR et la TCC offrent une meilleure qualité de vie aux patients
Les événements marquants vécus durant l’enfance et l’adolescence sont des facteurs déterminants dans le développement de nombreux troubles psychiatriques, parmi lesquels figure la schizophrénie. Ce trouble complexe émerge d’interactions multiples entre ces expériences, leurs répercussions psychologiques, et d'autres éléments tels que des prédispositions génétiques ou l'usage de substances comme le cannabis.
Comprendre et évaluer les antécédents traumatiques
Pour les professionnels de santé, il est crucial de considérer les antécédents traumatiques chez les patients vivant avec une schizophrénie. Ces récits, souvent mal interprétés comme des délires, méritent une attention rigoureuse, car leur véracité est comparable à celle des témoignages de personnes ne souffrant pas de troubles psychotiques.
La présence de symptômes associés au stress post-traumatique peut compliquer l'efficacité des interventions standards. Pourtant, l’accès à des soins ciblés sur les expériences traumatiques reste insuffisant, en particulier pour ces patients. Cette réalité s’explique en partie par des idées reçues qui associent à tort ces approches à une aggravation des troubles psychotiques, une conception non fondée sur les données scientifiques.
EMDR, TCC : des thérapies innovantes dans la pratique clinique
Les recherches récentes soulignent l’intérêt des thérapies centrées sur le vécu traumatique pour les patients souffrant de troubles psychotiques. Les bénéfices incluent :
- une réduction significative des symptômes liés au stress post-traumatique et des manifestations psychotiques ;
- une amélioration notable de la qualité de vie et du fonctionnement global ;
- une diminution des risques de revictimisation, particulièrement élevés chez cette population.
Parmi les approches évaluées, on retrouve la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), l’EMDR ou encore les interventions d’exposition graduelle. Ces techniques, lorsqu’elles sont adaptées aux spécificités des patients, permettent de surmonter les limites cognitives ou attentionnelles fréquemment observées. Par exemple, varier les stimuli bilatéraux en EMDR ou proposer des séances plus courtes sont des ajustements qui optimisent leur efficacité. Des programmes comme le STAIR (Skills Training In Affect and Interpersonal Regulation) offrent également une préparation précieuse en renforçant la régulation émotionnelle et les compétences relationnelles avant d’aborder directement les traumatismes.
Renforcer l’accès et l’impact des soins spécialisés
Les professionnels de santé jouent un rôle déterminant dans l’adoption de ces interventions. En se formant à ces méthodes et en collaborant avec des structures spécialisées dans la réhabilitation psychiatrique et le psychotraumatisme, ils contribuent à ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Ces approches ne se contentent pas de réduire les symptômes ; elles redonnent aux patients la possibilité de retrouver une stabilité émotionnelle et une meilleure qualité de vie. Transformer la prise en charge des traumatismes dans le contexte de la schizophrénie, c’est répondre à un besoin encore trop souvent ignoré tout en enrichissant les pratiques cliniques au service des patients.
Source : Pr Helene Verdoux
Pour en savoir plus :
https://cn2r.fr/
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04680059v1/document
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