Traiter l’hyperménorrhée par micro-ondes
Des gynécologues britanniques rapportent dans le Lancet qu’une nouvelle technique faisant appel aux micro-ondes est aussi efficace et sûre que le traitement chirurgical standard pour des femmes ayant des règles de durée et/ou de quantité excessive.
Le Dr Kevin Cooper et ses collègues de l’Aberdeen Royal Infirmary (Aberdeen) ont comparé dans le traitement des ménorragies cette nouvelle technique, baptisée ablation endométriale par micro-ondes, à l’endométrectomie classique qui consiste à effectuer une résection chirurgicale de l’endomètre par voie transcervicale.
Les avantages de l’ablation endométriale par micro-ondes tiennent au fait que cette technique opératoire est très facile à apprendre, dure moins longtemps que l’endométrectomie (11 minutes contre 15 en moyenne), et peut éventuellement être pratiquée en ambulatoire.
Au total, 263 femmes, d’âge moyen 41 ans, ont participé à cet essai randomisé, dont 129 ont été traitées par micro-ondes. Des fibromes utérins d’un diamètre de plus de 2 cm étaient présents chez 32 patientes (11 % dans le groupe micro-ondes, 14 % dans l’autre).
Ces patientes se plaignaient d’une hyperménorrhée intolérable : la durée des menstruations dépassait 7 jours dans les groupes micro-ondes et endométrectomie traités dans respectivement 54 % et 60% des cas. De plus, respectivement 69 % et 64 % des femmes avaient des règles abondantes pendant plus de 3 jours. Par ailleurs, 36 % et 37 % des femmes devaient respectivement s’absenter de leur travail plus de deux jours par mois du fait de leur ménorragie. Celle-ci retentissait sur la vie sexuelle de 56 % des patientes. Enfin, dans chaque groupe traité, 20 % des femmes se plaignaient de dyspareunie.
La nouvelle technique consiste à introduire une sonde d’un diamètre de 8 mm jusqu’à que son extrémité atteigne le fond de l’utérus. Une fois l’interrupteur actionné par une pédale, l’énergie délivrée permet de porter la température du tissu à 75°C-80°C. L’opérateur promène ensuite lentement la sonde de côté à l’autre de l’utérus. Les micro-ondes pénètrent dans la paroi utérine sur une épaisseur maximale de 6 mm.
Comme l’endométrectomie classique, l’ablation endométriale par micro-ondes est réalisée sous anesthésie générale après dilatation d’un col jusqu’à 9 mm et couverture antibiotique. Dans chaque procédure, l’analgésie rectale est assurée à la fin de la procédure par la prise de diclofénac, ou de paracétamol en cas de contre-indication.
Les deux techniques ont permis de significativement réduire le saignement, et ce de manière équivalente et avec des taux d’aménorrhée de 40 %. De même, une réduction significative du pourcentage de femmes se plaignant de dysménorrhée ou de douleurs pelviennes a été observée dans les deux groupes. Une diminution significative du nombre des symptômes prémenstruels a également été noté. Enfin, les deux procédures ont entraîné une réduction significative de l’absentéisme au travail liée aux symptômes menstruels.
A 12 mois, 77% des femmes du groupe micro-ondes et 75% du groupe endométrectomie étaient totalement ou généralement satisfaites de leur traitement, notent les auteurs. Ils ajoutent que respectivement 94 % et 90 % des patientes ont trouvé le traitement acceptable et que, dans chaque groupe, 90% des patientes le recommanderaient à d’autres femmes.
L’activité sexuelle a été améliorée dans les deux groupes, de façon équivalente et significative. Le taux de dyspareunie a été grandement réduit par les deux techniques.
A 12 mois, 10 femmes traitées par micro-ondes ont eu à subir une nouvelle intervention chirurgicale (une hystérectomie dans 9 cas). Elles étaient 13 (12 hystérectomies) dans l’autre groupe. Une perforation utérine opératoire est survenue dans chaque groupe, imposant une hystérectomie immédiate chez une patiente du groupe endométrectomie.
Lancet, 1999, 354/ 1859-63.
Descripteur MESH : Ménorragie , Hémorragie , Femmes , Dyspareunie , Hystérectomie , Travail , Anesthésie , Anesthésie générale , Dilatation , Dysménorrhée , Perforation utérine , Température , Vie