Cancer de la prostate : vers des antinéoplasiques tissus-spécifiques
Des chercheurs des laboratoires Merck ont développé une molécule de doxorubicine modifiée de façon à cibler spécifiquement les tissus prostatiques. Les premiers résultats de cette molécule, étudiée sur la souris, paraissent encourageants.
Cette molécule a été mise au point dans l'objectif de limiter la toxicité systémique de la doxorubicine en favorisant sa localisation dans le tissu prostatique cancéreux. Ces travaux sont parus dans le numéro de novembre de la revue Nature Medicine.
Pour ce faire, des chercheurs des laboratoires Merck ont créé une molécule de doxorubicine couplée à un peptide particulier. Ce peptide est hydrolysable par le PSA (prostatic-specific antigen), une protéase à serine qui est un marqueur de la progression tumorale et qui est relativement spécifique du tissu prostatique.
Cette doxorubicine conjuguée (L-377.202) a été étudiée sur des cellules en culture et sur un modèle animal.
En présence de cellules tumorales de la prostate qui sécrètent le PSA, le L-377.202 a été hydrolysé en leucine-doxorubicine et en doxorubicine, les deux molécules présentant un pouvoir cytotoxique important.
Plus intéressant, les auteurs ont pu montrer que le L-377.202 était bien moins toxique que la doxorubicine "conventionnelle" dans des cellules qui ne sécrètent pas le PSA.
L'efficacité de cette molécule a été évaluée chez des souris. Des cellules issues de tumeurs prostatiques humaines avaient été implantées chez ces animaux. Aux doses maximales tolérées, le L-377.202 s'est révélé environ 15 fois plus efficace (réduction de la croissance tumorale) que la doxorubicine conventionnelle. Le L-377.202 n'a pas montré de toxicité majeure aux doses les plus efficaces.
A des doses équivalentes, le L-377.202 délivre plus de leucine-doxorubicine et de doxorubicine dans les tissus tumoraux sécrétant le PSA que la doxorubicine conventionnelle, indiquent les chercheurs. Parallèlement, les autres organes sont moins exposés à cet agent antinéoplasique.
Selon les chercheurs, ces expériences suggèrent l'emploi du L-377.202 comme agent expérimental "pour l'évaluation de la stratégie de conjugaison de peptide hydrolysable par le PSA" dans le cancer de la prostate chez l'homme.
Source : Nat Med 2000;6(11):1248-1252
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