Les hypocrétines sont des neurotransmetteurs qui semblent impliqués dans la narcolepsie
Une étude publiée dans Nature Medicine montre que les hypocrétines occupent une place essentielle dans les processus biologiques conduisant à la narcolepsie. Une équipe de chercheurs menée par des scientifiques de l'Ecole de Médecine de Stanford (Californie) montre en effet que la plupart des patients atteints de narcolepsie présentent une absence d'hypocrétines dans le système nerveux central.
Dans le numéro de septembre de Nature Medicine, Peyron et al. décrivent leur étude sur le rôle de ces neurotransmetteurs.
Les chercheurs rappellent que la découverte des hypocrétines (Hcrt-1 et Hcrt-2), connues également sous le nom d'orexines, est récente (2 ans). Localisés dans des neurones de la région périfornicale de l'hypothalamus postérieur, ces peptides sont issus d'un précurseur commun, la préprohypocrétine, codée par le gène Hcrt. Ces neurones présentent des ramifications dans une grande partie du cerveau. Deux récepteurs ont été identifiés : Hcrtr 1 et Hcrtr 2.
Initialement, les hypocrétines ont été impliquées dans la régulation de l'appétit mais des études récentes suggèrent un rôle physiologique plus étendu, notamment dans le contrôle du sommeil et dans les phénomènes de narcolepsie.
Peyron et al. ont effectué une recherche des mutations éventuelles sur les gènes des deux récepteurs. Cette recherche a été effectuée chez 74 patients. Les résultats montrent une "hétérogénéité étiologique et génétique" dans les formes familiales de narcolepsie identifiée. Selon les auteurs "ces loci ne sont pas typiquement impliqués dans une prédisposition à la narcolepsie".
Les chercheurs ont cependant identifié une seule forme sévère de narcolepsie associée à une mutation du gène de la préprohypocrétine (Hcrt). Le sujet en question a présenté ses premières crises dès l'âge de 6 mois avec 5 à 20 attaques narcoleptiques par jour en absence de traitement. Les concentrations en Hcrt-1 dans le LCR étaient en dessous du seuil de détection, rapportent les auteurs. Cette mutation entraînait un dysfonctionnement du trafic intracellulaire du peptide.
L'analyse histopathologique du cerveau de 6 patients a montré une absence de Hcrt-1 et Hcrt-2 chez ces sujets narcoleptiques. Aucun ARNm correspondant à la préprohypocrétine n'a été mis en évidence. Ces résultats indiquent soit un défaut de transcription soit une destruction antérieure des neurones impliqués dans la synthèse de la préprohypocrétine.
"Le fait que les hypocrétines soient absentes dans la plupart des cas, en plus de la présence d'une rare mutation sur le gène Hcrt chez un jeune patient avec des symptômes sévères, suggère fortement qu'une déficience en hypocrétines occupe un rôle central", déclarent les chercheurs. Selon eux, une perte de neurones irréversible pourrait être à l'origine de cette affection. Bien que les mécanismes conduisant à la pathologie demandent à être précisés, l'utilisation d'agonistes des récepteurs aux hypocrétines pourrait constituer une stratégie efficace pour le traitement de la narcolepsie.
Source : Nat Med 2000;6:991-996
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