Une infection nosocomiale due à un désinfectant…
Des médecins allemands rapportent dans le dernier numéro du Lancet le cas de plusieurs infections nosocomiales dans un service de réanimation néonatale. Une infection à Klebsiella oxytoca a touché 28 nouveau-nés et a entraîné le décès de deux d'entre eux. La source de l'infection était un désinfectant stocké dans des seaux en plastique. Sa concentration avait été abaissée de moitié en raison d'irritations rencontrées par le personnel.
Le Dr Irwin Reiss (Justus-Lliebig-University Glessen, Allemagne) rappelle dans sa publication que les désinfectants à base de formaldéhyde sont largement utilisés pour prévenir les infections nosocomiales. Généralement, ils se montrent efficaces contre de nombreuses bactéries et notamment des espèces Gram -.
Le Dr Reiss et ses collègues rapportent ici le cas d'infections à K. oxytoca chez 28 nouveau-nés en services de soins intensifs. Parmi eux, 16 étaient des prématurés et deux sont décédés des suites de l'infection : un par choc septique et un autre d'une hémorragie intracérébrale consécutive à l'infection. Un troisième a eu des séquelles importantes.
Ces infections sont survenues entre octobre 1996 et mars 1999. Les mesures conventionnelles pour localiser et stopper l'infection ont échoué. Finalement, K. oxytoca a été localisée dans une solution désinfectante à 0,25 % (8,0 g/dL formaldéhyde, 8,0 g/dL glyoxal, 4,5 g/dL glutaral) utilisée pour la désinfection des surfaces, des systèmes à flux laminaires et les seringues électriques. Le désinfectant était préparé quotidiennement et stocké dans des seaux en plastiques. La résistance étant vraisemblablement due à la formation de spores bactériennes, précisent les auteurs. Par comparaison, les auteurs soulignent qu'une concentration à 0,25 % permet d'éliminer Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa en deux heures.
Dès identification du désinfectant comme source de l'infection, la concentration finale a été ramenée à 0,5 % et les seaux en plastique ont été remplacés par des seaux en métal pouvant être autoclavés. "Aucune autre infection à K. oxytoca ne s'est manifestée depuis", ajoutent les auteurs.
"Les résultats de notre étude impliquent que des modifications des mesures de désinfection doivent être considérées comme des sources d'infection nosocomiale dans les unités de soins intensifs", souligne le Dr Reiss.
Source : Lancet 2000;356:310. Communiqué de presse du Lancet
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