Trithérapies : des bénéfices évidents mais les effets à long terme restent à évaluer
L'instauration des trithérapies en 1996-97 a permis de diminuer l'incidence des maladies opportunistes chez les patients infectés par le VIH, confirme une étude parue aujourd'hui dans le Lancet. Dans leur publication, le groupe d'étude EuroSIDA souligne la nécessité d'un suivi à long terme des patients sous trithérapie afin d'évaluer les conséquences de ces traitements antirétroviraux. En effet, si les lymphomes non-Hodgkiniens représentaient 4 % des pathologies associées au SIDA en 1994, leur proportion était de 16 % en 1998.
Cette étude multicentrique et prospective portait sur plus de 7.300 patients européens. L'incidence des pathologies associées au SIDA a décliné entre 1994 et 1998 de 30,7 pour 100 patient/années à 2,5 pour 100 patient/années. Le taux moyen de CD4 lors du diagnostic d'une pathologie associée est passé de 28 cellules/µl en 1994 à 125 cellules/µl.
De plus, quel que soit le nombre de CD4, les patients sous thérapie antirétrovirale étaient moins sujets au développement de ces affections.
Les auteurs notent que la proportion de MAC (Mycobacterium avium complex) et de rétinites imputables au cytomégalovirus ont décliné au cours du temps. Néanmoins, la proportion des lymphomes non-Hodgkiniens est passée de 4 % en 1994 à 16 % en 1998. "Cette augmentation est particulièrement prononcée chez les patients sous trithérapie", précisent les chercheurs.
Ces résultats confirment l'efficacité des trithérapies antirétrovirales. Néanmoins, le Dr J. Lundgren (Hvidovre Hospital, Danemark) souligne dans un communiqué de presse du Lancet que la connaissance des effets à long terme de ces thérapies sont peu connus : "Les nouveaux profils de la maladie, la résistance et des effets secondaires tardifs pourraient contrarier l'utilisation de ces antirétroviraux sur des périodes prolongées".
Il ajoute que "l'évaluation des effets et de la toxicité de la plupart des antirétroviraux et des différentes combinaisons sur les 4 dernières années était basée sur des essais randomisés à court terme, avec un suivi jusqu'à 48 semaines chez un nombre limité de patients. Les études du type EuroSIDA sont les seules sources d'informations sur les bénéfices cliniques à long terme des trithérapies".
Source : Lancet 2000;356:291-96. Communiqué de presse du Lancet
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