Des vaisseaux sanguins bioartificiels aussi vrais que nature
Des chercheurs américains rapportent avoir construit de petits vaisseaux sanguins artificiels à partir de tubes de collagène. Une fois implantés sur la carotide chez le rat, ces greffons acellulaires ont été progressivement colonisés par les cellules de l’artère. Après trois mois, ces pontages artériels fonctionnaient parfaitement. Plus étonnant encore, ils réagissaient comme des vaisseaux naturels sous l’action de drogues vasoactives.
Le Dr Susan Sullivan et ses collaborateurs de la firme Organogenesis (Canton, Massachusetts), en association avec des chercheurs de la Duke University (Durham, Caroline du Nord), ont fabriqué de petits vaisseaux sanguins en servant de la couche de collagène de la sous-muqueuse de l’intestin grêle de porc.
Après l’avoir recueillie mécaniquement, les chercheurs ont enroulé cette couche de collagène autour d’une tige pour en faire un tube, puis ont déposé une fine pellicule (inférieure à 100 microns) de collagène bovin de type I sur la lumière de ce tube.
Ils ont ensuite "cimenté" chimiquement cette bi-couche de collagène et recouvert sa face interne d’héparine, les chercheurs ont obtenu des greffons qui mesuraient 3 à 4 centimètres de long et faisaient 4 millimètres de diamètre. Ils les ont interposé sur la carotide de rats. Au total, 18 pontages carotidiens ont été réalisés.
Ces néovaisseaux artificiels ont été progressivement infiltrés par des cellules musculaires lisses et colonisés par des cellules endothéliales provenant de l’artère greffée.
Après trois mois, le remodelage était si évident dans l’ensemble du greffon qu’il était difficile d’y reconnaître le collagène initial, écrivent les auteurs. La lumière des greffons était endothélialisée. Il a avait donc eu infiltration de cellules endothéliales à partir de l’artère adjacente dans la lumière du greffon.
Ce qui n’était au départ qu’un tube de collagène composite était devenu un néovaisseau fonctionnel in vivo. Deux mois seulement après implantation, les chercheurs ont constaté que certains portions des greffons répondaient physiologiquement à des agents vasoactifs. En effet, à l’instar de vaisseaux sanguins naturels. Ils se contractaient de manière dose-dépendante en réponse à une exposition de noradrénaline, de sérotonine, de bradykinine.
Sous réserve que l’on ne développe pas d'hyperplasie ou d’anévrysme, que la surface reste non thrombogène et qu’ils résistent au flux hémodynamique, ces petits greffons artériels bioartificiels pourraient rendre de grands services en chirurgie vasculaire.
Source : Nature Biotechnology, novembre 1999, 1083-6.
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