Une projection sur l'accès aux antirétroviraux en Afrique du Sud
L'emploi limité d'antirétroviraux auraient un impact immédiat et significatif sur l'épidémie de VIH en Afrique du Sud. Selon un modèle développé par des chercheurs canadiens, la prescription d'antirétroviraux aux femmes enceintes permettrait de réduire la transmission périnatale à un coût réduit. Cependant, le coût des antirétroviraux reste un obstacle essentiel à la généralisation des trithérapies en Afrique.
La lutte contre l'épidémie de VIH est rendue difficile dans les pays en difficulté, en raison du coût élevé des traitements. Cependant, de récents efforts internationaux (laboratoires et organisations mondiales) ont conduit à une baisse du prix de ces médicaments dans ces régions et devraient faciliter l'accès aux traitements.
Le Dr E. Wood (University of British Columbia, Vancouver) publient dans le Lancet du 17 juin une étude sur l'impact de l'accès aux antirétroviraux en Afrique du Sud. Pour ce faire, 4 modèles mathématiques basés sur le type et la fréquence des traitements ont été développés. Les conséquences épidémiologiques, démographiques et économiques ont ainsi été évaluées pour un accès à ces médicaments pour la période 2000-2005.
Cette projection indique que sans les antirétroviraux environ 276.000 enfants séropositifs naîtront durant ces 5 années, 2.302.000 nouveaux cas de SIDA se seront déclarés et que l'espérance de vie sera de 46,6 ans en 2005.
Par contre, les bénéfices d'un traitement prophylactique généralisé et de courte durée chez les femmes enceintes -pour éviter une transmission verticale- apparaissent évidents : 110.000 naissances d'enfants infectés pourraient être évitées ainsi qu'une réduction d'un an de l'espérance de vie.
Cette intervention thérapeutique coûterait 52 millions de $, soit moins de 0.001 % des dépenses de santé par personne.
En comparaison, l'accès à la trithérapie pour 25 % des patients séropositifs (VIH-1) éviterait une réduction de 3,1 ans de l'espérance de vie et plus de 430.000 nouveaux cas de SIDA. Le coût de cette mesure serait beaucoup plus élevé (19 milliards de $ selon le prix actuel des antirétroviraux) et représenterait 12,5 % des dépenses de santé par personne en Afrique du Sud.
Le Dr R. Hogg, un des co-auteurs de ce travail, précise dans un communiqué de presse du Lancet que ces analyses économiques sont uniquement basées sur le prix des médicaments et n'ont pas pris en compte le coût des infrastructures indispensables à la distribution de ces traitements et au suivi des malades. "Malgré la diminution récente du prix de ces médicaments, il apparaît que les traitements contre le VIH/SIDA sont inabordables dans un contexte africain".
"D'un autre coté, nos résultats démontrent que la prophylaxie antirétrovirale (pour éviter une transmission mère-enfant) pourrait avoir un impact démographique significatif", souligne le Dr Wood.
Source : Lancet 2000;355:2095-100. Communiqué de presse du Lancet
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