L'érythropoïétine artificielle peut désormais être détectée dans l'urine
Des chercheurs français ont mis au point un nouveau système de dépistage de l'érythropoïétine (EPO) dans les urines. Françoise Lasne et Jacques de Ceaurriz (Laboratoire national antidopage de Châtenay-Malabry) décrivent, dans le numéro de Nature de cette semaine, une technique basée sur les différences de charges électriques des EPO naturelles et recombinantes. Cette méthodologie permet de détecter l'EPO recombinante après une administration récente et pourrait être utilisée dans le cadre de contrôles antidopage.
L'EPO permet de stimuler l'érythropoïèse et son usage s'est répandu dans le milieu sportif comme en témoignent les incidents du Tour de France 1998.
La détection de cette substance était problématique car les analyses hématologiques ou biochimiques pouvaient seulement indiquer une stimulation de l'érythropoïèse : la prise d'EPO recombinante ne pouvait être confirmée.
F. Lasne et J. de Ceaurriz ont montré que l'EPO naturelle et recombinante ne possédaient pas le même point isoélectrique (pI), c'est à dire que le pH pour lequel ces deux substances sont électriquement neutres sont différents. Le point isoélectrique de l'EPO naturelle est compris entre 3,92 et 4,42 tandis que celui de l'EPO recombinante est compris entre 4,42 et 5,11.
Il est donc possible de différencier l'EPO naturelle de l'EPO recombinante sur des gels d'électrophorèse en gradient de pH : l'EPO naturelle stoppe sa migration à un pH compris entre 3,92 et 4,42 tandis que l'EPO recombinante est "arretée" à un pH compris entre 4,42 et 5,11.
Cette variation des profils de migration sur ce type de gels ("isoelectric focusing") a été utilisée pour ré-analyser des échantillons d'urine de coureurs du Tour de France dont le taux d'EPO était élevé. Les résultats montrent clairement la présence de l'hormone recombinante.
"Notre méthode pour détecter une exposition récente à l'EPO recombinante chez des athlètes pourrait être utile pour des contrôles pendant des épreuves de longue durée…, mais devrait trouver son application principale dans des tests hors compétition", concluent les auteurs.
Source : Nature 2000;405:635
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