Intérêt et limites de l’inhalation de MEOPA en analgésie pédiatrique
Publiée dans la revue américaine Pediatrics, une enquête française multicentrique montre que l’inhalation d’un mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA, ou EMONO pour equimolar mixture of oxygen and nitrous oxyde), méthode d’analgésie largement utilisée dans un grand nombre de procédures, n’est pas efficace chez tous les patients pédiatriques. Par conséquent, les médecins devraient rapidement détecter les échecs pour opter pour une autre approche analgésique. Les meilleurs résultats sont obtenus chez les enfants âgés de 3 ans ou plus.
Coordonnée par le Dr Daniel Annequin de l’Unité fonctionnelle d’analgésie pédiatrique de l’Hôpital d’Enfants Armand Trouseau (Paris), cette enquête prospective a été réalisée sur une période de 2 mois.
31 centres hospitaliers y ont participé à cette enquête. 1025 fiches ont été recueillies. La distribution par tranche d'âge, a été la suivante : 0 à 4 ans (29 %), 5 à 10 ans (45 %) plus de 10 ans (26 %). La valeur médiane de l'âge était de 6,4 ans (0-18 ans).
Les auteurs précisent que les gestes et les actes réalisés avec une inhalation de MEOPA ont été : ponction lombaire (28,1 % ), myélogramme (22,7 %), suture (21,1 %), pansement [pansements, soins de brûlure, ablation de drains, cathéter, ablation de fils, d'agrafes, retouche plâtre, ablation section de broches, sondage vésical, méchage ] (7,4 % ), petite chirurgie [chirurgie unguéale, reposition d’ongle, ablation corps étranger, exploration plaie, évacuation d'abcès] (5,2 %), ponctions diverses [ponction ganglion, biopsie rénale, hématome] (4,8 %), fracture (4,4 %), soins dentaires (4,2%), fibroscopie bronchique (2,2 %).
Une association médicamenteuse a été réalisée lors de 182 (17,9 %) des administrations, elle concernait les produits suivants : midazolam (63 %), acétaminophène (18 %), nalbuphine (8,5 %), hydroxyzine (5 %), flunitrazepam (2 %), chlorazepate (2 %), morphine (1 %), lorazepam (0,5 %).
La crème EMLA® a été utilisée pour 98,6 % des ponctions lombaires, 93,7 % des myélogrammes et 54,2% des autres ponctions. Une infiltration de lidocaïne a été effectuée pour 51 % des actes de petite chirurgie, 40 % des sutures et 28 % des myélogrammes.
Le matériel d'inhalation comprenait un sifflet, un masque parfumé, une valve respiratoire anti-retour dans 48,9 %, 71.2 %, et 78,3 % des inhalations, respectivement. Une contention initiale a été nécessaire chez 18,2 % des patients. Un refus de la méthode a été observé chez 129 (12,7 %) des enfants.
La durée médiane d'inhalation a été de 4 minutes avant le début de l'acte et de 6 (6 à 15) minutes pour l'ensemble de l'inhalation.
La douleur a été évaluée en valeur médiane à 9 (0-30) (interquartile) par 647 enfants sur une échelle visuelle analogique cotée de 0 à 100, à 1 (0-3) par les infirmières et les parents sur une échelle numérique cotée de 0 à 10.
93 % des enfants ont marqué leur préférence pour une utilisation de MEOPA encas de procédure itérative.
Les réponses comportementales ont varié selon l'âge de l'enfant : des pleurs étaient présents chez 44,1 %, 24,4 %, 12,9 %, et 11,2 % des enfants âgés de 3 ans ou moins, de 4 à 6 ans, 7 à 10 ans, et 11 ans et plus, respectivement.
Une contention physique supplémentaire a été nécessaire pour 34,2 %, 22 %, 13,5 % et 8,4 % des enfants âgés de 3 ans ou moins, de 4 à 6 ans, 7 à 10 ans, et 11 ans et plus respectivement.
Les membres des équipes soignantes ont exprimé leur niveau de satisfaction concernant l'utilisation du MEOPA de la manière suivante: très satisfaisante (56.7 %), satisfaisante (31.3 %), insatisfaisante (8. 6%) et très insatisfaisante (3.3 %).
Des effets secondaires mineurs ont été rapportés lors de 381 (37 %) inhalations: euphorie (20.1 %), modification des perceptions sensorielles (7,0 %), rêves (5,7 %), nausées et vomissements (3,7 %), sédation prononcée (2,1 %), paresthésie (1,7 %), vertige (1,6 %), agitation (1,5 %), cauchemar et hallucination (1,2 %), divers (1,9%).
Tous ces effets secondaires ont disparu dans les 5 minutes suivant l'arrêt de l'inhalation, ce qui fait dire aux auteurs que l’utilisation de MEOPA semble « très sûre ». Cette méthode utile est encore selon eux « sous-utilisée et devrait être aisément disponible dans service d’urgence et de pédiatrie ».
Source : Pediatrics, 2000, Vol.105, n°4.
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