Les recommandations américaines sur la chimioprévention du cancer du sein
Le ‘United States Preventive Services Task Force’, formé d’experts chargés d’analyser les publications scientifiques et d’en dégager des recommandations, vient de publier une analyse sur l’utilisation de deux molécules, le tamoxifène et le raloxifène, dans la chimioprévention du cancer du sein. Ces deux molécules réduisent le risque de certains types de cancer du sein et devraient être réservées aux femmes qui présentent des facteurs de risque particuliers.
Cette analyse de la littérature médicale est publiée par Linda Kinsinger (Université de Caroline du Nord) dans le numéro de la revue Annals of Internal Medicine datée du deux juillet.
Ces auteurs ont recherché toutes les publications sur la chimioprévention du cancer du sein. « Nous avons recherché les essais contrôlés et randomisés sur la chimioprévention du cancer du sein et nous en avons trouvé quatre qui concernaient des femmes qui n’avaient jamais eu de cancer du sein diagnostiqué », explique le Dr Linda Kinsinger dans un communiqué de son université.
Trois essais concernaient le tamoxifène et un le raloxifène, médicament qui n’est pas encore approuvé par les autorités américaines (FDA) pour la prévention du cancer du sein.
Le plus large des essais sur le tamoxifène a été mené aux USA et a impliqué plus de 13.000 femmes. Les résultats montrent que le tamoxifène est associé à une réduction de 49 % du risque relatif de cancer du sein invasif chez les femmes où le risque de cancer du sein à cinq ans est au moins égal à 1,66 %.
Les deux autres essais sur le tamoxifène avaient été conduits en Europe et n’avaient pas montré de bénéfice significatif. « Seulement quelques femmes dans chacun de ces essais avaient pris du tamoxifène durant la durée complète de l’étude », commente Kinsinger. « Cela pourrait être une raison au fait qu’il n’y a pas de bénéfice observé ».
La seule étude retenue sur le raloxifène portait sur des femmes ménopausées qui souffraient d’ostéoporose. Le traitement a été associé à une réduction de 76 % du risque relatif de cancer du sein invasif.
Comme l’on pouvait logiquement s’y attendre, les résultats confirment que ces deux molécules (qui sont des modulateurs sélectifs du récepteur des estrogènes (SERM)) ne sont efficaces que sur les tumeurs RE (récepteurs estrogènes) positives.
Les auteurs de cette revue insistent aussi sur les effets adverses de ces traitements. Ces molécules augmentent le risque de thrombose veineuse et de bouffées de chaleur. Le tamoxifène augmente le risque de cancer de l’endomètre et le risque d’accident vasculaire cérébral.
Pour ces différentes raisons, l’initiation d’une chimioprévention du cancer du sein doit prendre en compte le profil de risque de la patiente et devrait être évité chez celles où le risque est jugé faible ou dans la moyenne. Dans tous les cas, informer les patientes des bénéfices et des risques est essentiel.
Source : Ann Intern Med 2002 :137 ; 56-8, 59-69. University of North Carolina
SR
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