La vitamine E pourrait réduire le risque d’Alzheimer mais d’autres études sont indispensables

Le rôle des antioxydants contenus dans l’alimentation fait l’objet de nombreux travaux quant à sa capacité à réduire le risque de maladie d’Alzheimer. Deux nouvelles études tendent à montrer une réduction du risque lorsque l’alimentation est riche en vitamine C et vitamine E. Cependant, cet effet positif n’est encore que supposé et seules des études complémentaires permettront de trancher.

Le stress oxydatif semble contribuer au développement de la maladie d'Alzheimer. De ce fait, les antioxydants contenus dans l’alimentation (comme la vitamine C, la vitamine E, les flavonoïdes et le bêta-carotène) pourraient moduler ce risque.

Deux études publiées aujourd’hui dans le Journal of American Medical Association documentent un peu plus la relation entre certaines vitamines et le risque d’Alzheimer. Néanmoins, il est impossible de dégager des conclusions définitives sur l’utilité de ces vitamines dans ce contexte.

Le premier article signé Engelhart et al. portait sur les données de la Rotterdam Study, une étude prospective d’une cohorte de 5.395 participants. En début d’étude (1990-1993), les participants étaient âgés de 55 ans et plus, ne présentaient pas de démence et l’on disposait d’informations fiables sur leur alimentation. Le suivi moyen a été de 6 ans et les participants ont fait l’objet d’évaluations régulières.

Les auteurs expliquent que 197 sujets ont développé une démence dont 146 cas d’Alzheimer. Le risque d’Alzheimer a été ajusté en fonction de nombreux facteurs confondants dont l’âge, le sexe, l’alcool, le niveau d’instruction, l’évaluation cognitive initiale, l’indice de masse corporelle et l’utilisation de compléments antioxydants.

Après cet ajustement, les chiffres montrent que les consommations élevées de vitamine C et vitamine E dans l’alimentation étaient associées à une diminution du risque d’Alzheimer. L’effet était plus marqué chez les fumeurs et ne semblait pas modifié par le génotype de l’apolipoprotéine E, facteur génétique pouvant influencer le risque global d’Alzheimer.

Les vitamines C et E contenues dans les aliments pourraient donc réduire le risque d’Alzheimer ou retarder son apparition, indique cette étude. Néanmoins, les investigateurs tiennent à rester prudents et ils soulignent que « des essais randomisés et contrôlés peuvent aider à examiner une éventuelle relation de cause à effet entre la prise de compléments antioxydants et la maladie d’Alzheimer ».

Dans une autre étude, Morris et al. ont étudié 815 personnes de 65 ans et plus. Ils ont trouvé que les consommations importantes de vitamine E dans l’alimentation étaient associées à une réduction du risque d’Alzheimer après un suivi de 3,9 ans. Cependant, cet effet n’était retrouvé que chez les personnes non porteuses de l’allèle APOe4, allèle lié à un risque plus élevé de développer un Alzheimer. Par ailleurs, la prise de vitamine E, C et de bêta-carotène à partir de compléments vitaminiques ne paraissait pas modifier significativement le risque d’Alzheimer.

Ces résultats sont commentés par Daniel Foley (National Institute of Aging) et Lon White (Pacific Health Research Center Institute) dans un éditorial du JAMA. Ils estiment que malgré le lien évoqué dans ces études et des travaux antérieurs, d’autres recherches sont nécessaires afin de déterminer la nature exacte de cette relation.

A propos de la méthodologie de ces études, ils expliquent que seules les consommations de vitamines dans les aliments et les compléments ont été analysées, ce qui ne peut exclure l’existence d’un biais.

On ne peut pas non plus écarter la possibilité d’un état préclinique qui serait associé à une modification des habitudes alimentaires ou sur la façon de rapporter ces habitudes. Enfin, il semble nécessaire de mesurer l’exposition aux antioxydants par plusieurs méthodes.

« Des essais bien construits, ainsi que des études d’observation basées sur de plus larges cohortes, étudiées sur de plus longues périodes avec plusieurs méthodes pour évaluer l’exposition aux antioxydants, sont plus souhaitables pour tester cette hypothèse », concluent les deux éditorialistes.

Source : JAMA 2002 ;287 :3223-9, 3230-7, 3261-3

SR

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