L’anastrozole : une nouvelle option pour le traitement adjuvant du cancer du sein chez la femme ménopausée ?
L’anastrozole a donné des résultats très encourageants dans le traitement adjuvant des cancers du sein opérables et hormonodépendants chez la femme ménopausée. Dans l’essai ATAC où il était comparé au tamoxifène, l’anastrozole était associé à une meilleure survie sans récidive à trois ans comparé au tamoxifène. La fréquence des effets adverses est également en faveur de l’anastrozole, d’après les résultats de cet essai aujourd’hui publié dans le Lancet.
Un traitement par tamoxifène pendant cinq ans après un cancer du sein opéré est l’option de référence pour les femmes ménopausées avec un cancer du sein hormonodépendant. Cependant, le tamoxifène est associé à des effets adverses avec une augmentation de l’incidence des cancers de l’endomètre et du risque thromboembolique.
L’essai ATAC (Arimidex, Tamoxifen Alone or in Combination) dirigé par Michael Baum (University College London) a comparé l’efficacité et le profil de sécurité du tamoxifène et de l’anastrozole pendant 5 ans. L’anastrozole (Arimidex) est un inhibiteur de l’aromatase qui permet de réduire les concentrations en estrogènes chez les femmes ménopausées avec un cancer du sein, rappellent les investigateurs. Il est devenu disponible en 1995.
Les résultats présentés dans l’édition du 22 juin du Lancet correspondaient à un suivi médian de 33,3 mois.
Les 9.366 patientes de l’étude étaient ménopausées et avaient été traitées (chirurgie + chimiothérapie) pour un cancer du sein invasif. Elles étaient toutes candidates à un traitement hormonal adjuvant. Le cancer était hormonodépendant dans 84 % des cas.
Après randomisation, 3125 ont été traitées par anastrozole (1 mg), 3116 par tamoxifène (20 mg) et 3125 par la combinaison des deux.
Les critères principaux de comparaison étaient la survie sans récidive et les effets adverses.
Globalement, la survie sans récidive à 3 ans était de 89,4 % avec l’anastrozole versus 87,4 % avec le tamoxifène, ce qui se traduit par un hazard ratio de 0,83 (IC 95 % = 0,71-0,96) et un p=0,013. Le traitement combiné ne donnait pas de meilleurs résultats que le tamoxifène seul.
Cet avantage de la survie sans récidive a été uniquement observé dans les cas où les tumeurs étaient hormonodépendantes (estrogènes, progestérone).
Par ailleurs, l’incidence des cancers controlatéraux était plus faible avec l’anastrozole qu’avec le tamoxifène (odds ratio = 0,42, IC 95 % = 0,22-0,79 ; p=0,007).
Concernant les effets adverses, le profil était en faveur de l’anastrozole avec une réduction de l’incidence des cancers de l’endomètre, des saignements et pertes vaginales, des épisodes cérébrovasculaires et thromboemboliques. Les fractures et les troubles musculo-squelettiques étaient par contre moins fréquents avec le tamoxifène.
Les conclusions de cet essai avec un recul médian de 33 mois montrent donc que l’anastrozole pourrait être employé dans le traitement hormonal adjuvant des cancers du sein opérables chez la femme ménopausée. Les auteurs signalent toutefois qu’un suivi plus long reste indispensable afin de conclure sur le bénéfice/risque de l’anastrozole.
« Les résultats de cette première analyse de l’essai ATAC sont encourageants et ils pourraient être aussi significatifs pour le traitement du cancer du sein que les premiers résultats avec le tamoxifène il y a 20 ans », écrivent les membres de l’essai ATAC. Ils estiment que si l’on se base sur ces données, l’anastrozole est une nouvelle option pour le traitement adjuvant des cancers du sein hormonodépendants chez les patientes ménopausées.
Source : Lancet 2002 ;359 :2131-9
SR
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