Fibrillation ventriculaire : préférer l'amiodarone à la lidocaïne en milieu extra-hospitalier

Un essai canadien a comparé deux traitements anti-arythmiques administrés en IV en cas de fibrillation ventriculaire non convertie après trois chocs en milieu extra-hospitalier. L'amiodarone a donné de meilleurs résultats que la lidocaïne, avec un taux de survie plus élevé à l'arrivée à l'hôpital.

Cet essai a été conduit par Dorian et al et fait l'objet d'une publication dans le New England Journal of Medicine du 21 mars. Ces auteurs rappellent dans leur article que la fibrillation ventriculaire est la principale cause d'arrêt cardiaque en dehors de l'hôpital. En cas de résistance aux chocs électriques externes, la lidocaïne est généralement employée par l'équipe paramédicale de premiers secours.

"Bien qu'il y ait eu des avancées majeures dans le traitement des arrêts cardiaques hors hôpital, le taux de survie global a été relativement bas", explique Paul Dorian, premier auteur de cette publication. "Nous savions que nous pouvions peut-être améliorer ces chiffres en déterminant quel est le médicament disponible le plus efficace". Et d'ajouter qu'il n'y avait pas de preuve scientifique suffisante pour pouvoir choisir entre deux options thérapeutiques.

L'essai en double aveugle de Dorian et al (ALIVE, Amiodarone versus Lidocaine In pre-hospital Ventricular fibrillation Evaluation) visait à comparer la lidocaïne à l'amiodarone. Les patients étaient recrutés sur les critères suivants : fibrillation ventriculaire hors hôpital résistante à trois chocs, à une injection d'adrénaline et à un autre choc, ou bien une nouvelle fibrillation ventriculaire après une défibrillation réussie.

Les patients ont reçu une injection IV d'amiodarone + placebo ou une injection IV de lidocaïne + placebo. Les traitements étaient administrés par le personnel paramédical de premiers secours rendu sur les lieux de l'accident. Le critère principal de jugement était la survie à l'admission à l'hôpital.

Au total, 347 patients de Toronto sont entrés dans l'essai avec une moyenne d'âge de 67 ans. De délai moyen entre l'envoi des secours et l'arrivée sur les lieux était de 7+/-3 minutes et le délai entre l'envoi des secours et l'administration du traitement de 25+/-8 minutes.

Le taux de survie était largement en faveur de l'amiodarone. Avec l'amiodarone, 22,8 % des 180 patients traités étaient en vie à l'admission comparé à 12,0 % des 160 patients traités par lidocaïne. Ceci se traduit par un odds ratio de 2,17 (IC 95 % = 1,21-3,83).

Le bénéfice était également observé lorsque le délai entre l'envoi des secours et l'administration du traitement était inférieur à 24 minutes. Le taux de survie à l'admission était alors de 27,7 % avec l'amiodarone et 15,3 % avec la lidocaïne.

L'amiodarone devrait donc devenir le standard dans ce type de situations, estiment les auteurs. Néanmoins, il n'est pas certain que cette augmentation de la survie à l'arrivée aux urgences se traduise par une réduction de la mortalité à la sortie.

Source : N Engl J Med 2002;346:884-90. Université de Toronto.

SR

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