L'interféron-α, une cible potentielle pour le traitement du lupus érythémateux disséminé
Les réactions auto-immunes caractéristiques du lupus érythémateux disséminé (LED) semblent résulter de la différenciation des cellules dendritiques sous l'induction de l'interféron-α, cytokine retrouvée en quantité importante dans le sérum de patients avec un LED. Les scientifiques à l'origine de cette découverte pensent qu'il serait intéressant d'étudier l'inhibition de l'interféron-α à des fins thérapeutiques dans le LED.
"Les cellules dendritiques dans leur état latent sont déterminantes pour établir la tolérance, c'est à dire l'absence de réponse immunitaire contre nos propres tissus", explique Jacques Banchereau (Baylor Institute for Immunology Research, Dallas) qui a encadré ces travaux. "Mais lorsqu'elles sont stimulées par l'interféron comme dans le lupus, les cellules dendritiques peuvent induire une forte immunité qui conduit éventuellement à une auto-immunité quand les tissus du corps sont attaqués par erreur par le propre système immunitaire du patient".
Les études menées par le groupe de Banchereau ont été réalisées à partir de prélèvements sanguins sur des jeunes patients (7-18 ans) atteints de LED et sur des sujets témoins. Ils publient leurs résultats dans le numéro de Science du 16 novembre.
En étudiant les monocytes des patients, les auteurs ont découvert qu'ils se comportaient comme des cellules présentatrices d'antigènes in vitro. Cette première observation semblait donc en accord avec l'hypothèse émise par les chercheurs et qui supposait un dérèglement des cellules dendritiques, les principales cellules présentatrices d'antigènes.
Une analyse plus fine a montré que le sérum des patients avec un LED activait fortement la différenciation des monocytes normaux en cellules dendritiques. Plus intéressant, les cellules dendritiques ainsi formées se sont révélées capables de capturer les cellules "normales" en apoptose.
Dans leur discussion, les chercheurs insistent sur le fait que les cellules dendritiques peuvent ensuite présenter ces auto-antigènes aux lymphocytes T CD4+, "ce qui pourrait initier l'expansion des lymphocytes T autoréactifs, suivie par la différenciation de lymphocytes B producteurs d'auto-anticorps", écrivent les chercheurs.
Il restait à savoir quel facteur était déterminant pour stimuler la formation de ces cellules dendritiques. Les chercheurs alors mis en évidence le rôle de l'interféron-α. "Ainsi, l'induction non contrôlée des cellules dendritiques par l'interféron-α pourrait diriger la réponse autoimmune dans le LED", concluent les chercheurs.
En considérant les différentes informations apportées par ces travaux, l'équipe de J. Bachereau pense que "l'interféron-α pourrait représenter une cible thérapeutique potentielle dans le LED".
Source : Science 2001;294:1540-3.
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