VIH/SIDA : une étude pilote sur les interruptions thérapeutiques programmées
Le rapport bénéfice/risque des interruptions thérapeutiques programmées (ITP) dans le traitement de l'infection par le VIH-1 est mal connu. Un essai américain indique que les ITP permettent d'augmenter la réponse des lymphocytes T CD8+. Toutefois, on observe pendant les ITP une augmentation de la charge virale et un déclin des lymphocytes T CD4+. Ces résultats indiquent que les ITP devraient être envisagées avec prudence.
Cette étude sera présentée dans l'édition du 6 novembre de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Gabriel Ortiz (Université de Californie à Sans Francisco) et ses collaborateurs ont recruté 12 patients infectés par le VIH-1. Leur charge virale était inférieure à 400 copies ARN par ml et le taux de CD4 était supérieur à 400 par µl.
Les patients ont été répartis en deux groupes après randomisation : 8 sont entrés dans le protocole d'ITP et 4 ont suivi un traitement antirétroviral continu. Tous les patients étaient sous traitement antirétroviral avant l'initiation de l'essai.
Le schéma du protocole ITP était le suivant : ITP (4 semaines), reprise du traitement (4 semaines), ITP (4 semaines), reprise du traitement (4 semaines), ITP (12 semaines). Les conséquences immunologiques des ITP ont été étudiées durant les dernières 12 semaines.
Dans la série ITP, les auteurs ont observé une augmentation de la réponse des lymphocytes T CD8+ spécifiques du VIH-1 chez les 8 patients et une augmentation du titre en anticorps neutralisant chez un patient.
Néanmoins, ces bénéfices immunologiques doivent être contrebalancés par une augmentation de la charge virale (7 patients sur 8) durant l'ITP. Les auteurs soulignent que ce rebond amenait la charge virale à une valeur comparable à celle retrouvée avant l'initiation du traitement antirétroviral. Chez tous les sujets, la charge virale était ramenée à une valeur faible après la reprise du traitement en fin d'ITP.
Parallèlement à cet effet sur la charge virale, le nombre de CD4 a lui aussi diminué. Cette diminution concernait tous les patients à la fin du dernier cycle d'ITP, ajoutent les auteurs. Comme pour la charge virale, un retour à la "normale" était visible après la reprise du traitement.
Dans leur discussion, les auteurs indiquent que les ITP permettent de renforcer la réponse des CD8 mais cette réponse reste variable selon les patients. "Les ITP ont néanmoins un coût", commentent Ortiz et al. : "un rebond de la charge virale a été observé et les taux de CD4 ont décliné durant les ITP, mais étaient réversibles avec la reprise du traitement".
Cette étude n'a pas montré clairement que les ITP pouvaient apporter un bénéfice thérapeutique, sans pour autant montrer qu'elles avaient un impact néfaste sur l'évolution du patient. "Ces résultats suggèrent que des cycles mensuels d'ITP et de traitement sont relativement sans danger mais ils pourraient ne pas avoir d'impact durant une interruption prolongée de traitement", concluent les auteurs.
Source : Proc Acad Sci USA 2001;98(23):13288-93
Descripteur MESH : ITP , Lymphocytes , Lymphocytes T , Charge virale , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Lymphocytes T CD8+ , Infection , Lymphocytes T CD4+ , Patients , Reprise du traitement , Anticorps , ARN , Californie , Édition , Thérapeutique